L’épreuve de trop ? 

Ces derniers jours à Nîmes ont été très éprouvants pour les plantes exotiques. Il faut dire que la situation est inédite. Parler de vague de chaleur en été dans la capitale gardoise est un pléonasme. Tous les étés sont chauds et sec invariablement. Mais ce début d’été est particulièrement brutal pour les plantes. Il faut remonter un peu dans le temps pour bien comprendre ce qu’il s’est passé. Le printemps a été poussif dans la mesure où les températures et la luminosité n’ont pas permis aux plantes exotiques de se réveiller précocement. Ainsi les cherimoya n’ont pas réussi à renouveler leur feuillage avant la vague de chaleur. Aujourd’hui, les minuscules feuilles en formation ne parviennent pas à créer une ombre suffisante pour les fleurs exposées au soleil brûlant. Ce constat s’applique pour de nombreuses plantes. Le jeune feuillage de l’avocatier péri, exposé à la conjonction d’une chaleur extrême et d’un soleil à son zénith.

Le constat est alarmant et la précocité de cette chaleur va peser lourd sur le bilan de l’été. Je suis pessimiste pour le jardin du Mazet où la terre très superficielle n’a pas conservé l’humidité de l’hiver. Au bureau, sans mistral et avec un sol profond la situation est bien moins critique.

La dernière pluie significative c’est-à-dire plus de 10 mm, remonte au 11 mai, c’est loin, très loin. Mes arrosages apportent peu de réconfort aux plantes, c’est l’énergie du désespoir. Le fait d’être absent une semaine sur deux a du aggraver la situation. En effet, je ne vois pas ce qui pourrait changer durablement ce constat accablant, si ce n’est une irrigation artificielle très copieuse, et encore, ce n’est même pas sûr. 

Aujourd’hui, je suis face à un choix cornélien. Soit je m’obstine à vouloir sauver ces arbres qui ne pourront jamais avoir une production digne de ce nom tant le climat est aride, soit je me tourne vers mon nouveau projet de Menton.

Après 13 ans de lutte, la réalité climatique du Mazet, me semble plus inadaptée que jamais. Récolter une poignée d’avocats minuscules, quelques sapotes blanches une année sur deux et de maigres agrumes, au prix d’un travail  sacrificiel ? Clairement, je n’ai plus la force ni le courage d’affronter ces conditions parmi les plus contraignantes. Je retiens mon souffle car l’été vient tout juste de commencer, encore deux mois assurément bouillant à supporter.

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7 réponses à “L’épreuve de trop ? ”

  1. Avatar de Tropic66
    Tropic66

    Prends le comme une étape intermédiaire qui t’aura permis d’engranger beaucoup d’expériences et faire de multiples rencontres. Ton bagage bien enrichi va te permettre d’exploser à Menton, ça va devenir une plaque tournante pour le futur de l’acclimatation tropicale en France métropolitaine 🙂

  2. Avatar de lazzaret
    lazzaret

    Deux choses me paraissent essentielles : couper les vents et avoir un sol suffisamment épais.

    Je ne sais pas, benoit, si tu construis des haies autres que fruitières sur tes propriétés, mais dans ton contexte, ne serait ce pas vital de penser haies persistantes avant de penser essences fruitières ?

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      J’ai planté au nord une haie de cyprès. Cela met pas mal de temps à pousser bien que le cyprès prenne environ 50 cm par an et ne nécessite aucun arrosage. Je pense que d’ici quelques années la haie de cyprès aura un effet, ainsi que la nouvelle forêt de pins maritimes qui s’est développé après avoir pris feu il y a 20 ans.

      Si je devais être parfaitement honnête, je pense que dans mon cas certains préceptes de la permaculture auraient pu me faire gagner du temps.
      Je m’explique : sous les pins les plantes ont beaucoup moins de stress en été. Elles ne poussent pas beaucoup mais elles survivent bien mieux ! L’idéal aurait été de trouver une essence caduque de très haute taille et peu gourmande en eau pour que je puisse bénéficier de luminosité l’hiver. Le fameux févier d’Amérique ne se plaît pas du tout dans mon terrain et ne constitue pas un arbre pionnier. Ce n’est pas sûr qu’un pionnier caduque existe pour mon terrain à part l’amandier mais son ombrage n’est pas suffisant en été, il perd souvent ses feuilles au cours du mois d’août.
      Le fait de vouloir avoir une essence caduque est essentiellement un choix esthétique. Je pense en effet que beaucoup d’arbres fruitiers exotiques se contente d’une faible luminosité en hiver. J’en veux pour preuve les avocatiers d’un ami dans les Cévennes qui enferme ses arbres de panneaux de bois. Ils sont au moins 3 mois de l’année en pleine obscurité. Lorsqu’il retire sa protection les arbres ont un feuillage resplendissant !

      Ici l’arbre pionnier est vraiment la forêt de pin, elle recouvre une très grande partie du territoire. Le pain à l’avantage de nécessité 4 fois moins d’eau que les autres espèces pour former son bois. Malheureusement, et contrairement aux idées reçues, le pin n’acidifie pas du tout le sol. Mon solde garrigue reste invariablement calcaire.

      En ce qui concerne le rôle de la greffe, j’apprécie ta démarche pour remettre en cause ce mode de reproduction clonal qui ne permet pas à la diversité génétique de s’exprimer. Toutefois, je note que sur des porte-greffes sauvages bien installé, l’association par greffage d’une variété comestible donne naissance à un sujet particulièrement vigoureux et autonome.

      Pour le figuier, j’ai fait l’expérience suivante, j’ai fait des semis et des boutures. Je n’ai pas remarqué que les semis sont sortaient mieux sur le long terme.

  3. Avatar de lazzaret
    lazzaret

    En pionnier caduque, il y a le figuier et plus précisément le caprifiguier.

    Le caprifiguier a l’avantage d’être très vigoureux, de pouvoir pousser avec peu d’eau et de semis, probablement avec encore moins d’eau. Son feuillage de surcroit fabrique un très bon humus.

    Dans mon contexte, quelques arbres jouent ce rôle de brise vent.
    Le peuplier d’italie, mais j’imagine qu’il aura besoin d’un minimum d’eau les premières années.
    Le charme pousse également bien et crée un couvert assez dense en été.
    Les pommiers de semis sont très poussant et je ne suis pas à l’abri d’ici quelques années de découvrir de bons et jolis fruits.
    Le tilleul est sympa, il produit une bonne ombre et pareil, son feuillage constitue assez rapidement un très bon humus.

    Est ce que ce genre d’essences est envisageable dans ton contexte nîmois ? je ne sais pas.

    A propos de la greffe…certains disent que je mène une croisade, c’est possible, mais j’ai quand même l’impression que le pool génétique des espèces fruitières s’amoindrit de jour en jour…jusqu’au moment où ce pool sera difficilement fonctionnel. Sur la greffe in situ de plantes indigènes, tu as peut-être raison, je dois peut-être nuancer mon jugement, néanmoins, les greffes d’espèces exotiques et marginales…je le constate sont plus fragiles que les francs de pied.

  4. Avatar de Alexandre
    Alexandre

    Ici tout est cramé même les pins pignon montrent des signes alarmant de déshydratation et c’est une première en cette période .Un avocatier de semi poncho est cramé les autres résistent avec des apports d’eau régulièrement .Les agrumes sont en survie ……………………nous sommes le 1 juillet 2025 .Seul les cactus résistent sans rien pour l’instant.

  5. Avatar de Tropic66
    Tropic66

    Les mûrier platane variétés fruitières et sans fruits sont des arbres qui semblent intéressants également pour jouer le rôle de parasol en été dans des environnements très secs et qui ont l’air de bien prospérer avec très peu d’eau.
    Sur la côte vermeille ils y en a pas mal dont un sujet remarquable d’une variété stérile et comme par miracle il est situé chez un voisin direct de mon potager en exposition plein est.
    Mon jardin à cette période se retrouve à l’ombre jusqu’à la mi journée, c’est comme une bénédiction !
    Cet arbre perd ses feuilles très tard dans la saison (début-mi-décembre), au moment idéal quand nous basculons clairement dans l’hiver ici, le soleil peut alors inonder le jardin dès les premières heures du jour.

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      Tu as probablement raison. Je suis un peu gêné aux entournures, puisqu’au printemps j’ai coupé deux mûriers dans le jardin. Il s’agissait de mûriers à fruit blanc que je ne jugeais pas très bon. Ils étaient dans un endroit où il dérangeait le passage. Mais réflexion faite, il s’agissait probablement d’un pionnier capable de résister à nos étés. Maintenant leur service était faible car je ne mangeais pas ses fruits, et le caroubier,, les casimiroa qui était à côté n’avait pas besoin de son ombre.

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