Le climat mentonnais en question

Je n’ai pas encore passé une année complète à Menton et je me pose pas mal de question sur ce qui attend mes plantes exotiques dans les prochains mois et les prochaines années.

Comment qualifier le climat d’une commune quand on sait qu’il peut y avoir déjà beaucoup de disparité dans son propre jardin ? Choisir l’emplacement d’une station météorologique n’est pas anodin. Il y a quelques années, une station située à une dizaine de mètres de la mer, proche du poste frontière de la basse corniche avait été référencée par Infoclimat. Jadis, une station située en plein centre ville était réputée trop chaude. Finalement, la station conservée est sur la colinne de l’Annonciade à 216 m d’altitude. Elle existe depuis le 1er août 1988, soit quelques années après des vagues de froid mémorables. Cette station a débuté en classe 5 et désormais elle a amélioré sa notation de 2 points. Il n’empêche qu’elle est à proximité de constructions et de sol goudronné. Cela peut perturber les mesures, plutôt à la hausse. Si l’on m’avait demandé de choisir un emplacement pour la station de Menton, je ne sais pas si j’aurai trouvé mieux ? Il faut éviter la ville et son îlot de chaleur (surtout les quartiers “Terres chaudes” et “Petite-Afrique”). Il faut proscrire les versants ouest et est qui sont plongés dans l’ombre une partie de la journée. Eviter les zones montagneuses (la plus haute altitude de la commune est 776 m). Faut-il également écarter les vallées froides du Borrigo et du Careï ? Bref, il n’y a pas de bon emplacement. De surcroit, quand on parle du climat de Menton dans l’esprit du touriste il s’agit du climat de bord mer, tandis que la plus grande partie de la population évoquera les zones denses du Careï et Borrigo. Finalement, cette station n’est pas si mal placée, elle évite l’îlot urbain, se trouve légèrement éloignée de la côte, et son exposition sud permet d’éviter les vallées froides ouvertes sur les alpes. Je pense que les mentonnais peuvent à partir des données produites par la station, déduire approximativement leur température (un peu plus chaude sur les minimas en bord de mer par exemple).

Les deux Barmes se situent à un peu moins d’un kilomètre à vol d’oiseau de la méditerranée. Lorsque je descends à la mer à vélo, je ressens à mi-parcours une variation de température. Les deux Barmes ne jouissent pas complètement du tampon thermique maritime. Toutefois, les deux Barmes sont abritées par l’amphithéâtre de montagnes proches telles que le Mont Agel et la Pointe Siricocca. D’autre part, la chaine du Mercantour et le point culminant du département (le Gelas à 3 143 m) se dressent au nord de Menton.

L’orientation ouest ne permet pas de capter les premiers rayons de soleil, ce phénomène est bien sûr accentué en hiver. Bien que le site soit campagnard, il y a de nombreux murs de restanques et la chaleur de l’après-midi est emmagasinée. Le lieu compte beaucoup de climats différents : proche de la barme inférieure, il fait frais même en été !

Ces derniers jours, avec la baisse des températures, je me pose de plus en plus de questions :
– j’observe que le jardin est moins chaud que la station météo de l’Annonciade (14,4°C pour cette dernière contre 13,5°C sur un thermomètre à mercure posé sur un petit arbre, jeudi 25 septembre 2025).
– le capteur de la caméra installée par les chasseurs peut indiquer des températures franchement plus basses que la station de l’Annonciade (5 voir 6 degrés de moins).

D’autres aspects me paraissent plus rassurants :
– mes voisins me disent qu’il ne gèle jamais (les canalisations d’eau ne sont d’ailleurs pas enterrées),
– certaines plantes âgées indiquent un climat hors gel : pitaya (Selenicereus undatus), géraniums gélifs (pouvant atteindre près de 2 m), strelitzia luxuriants…

A mon avis, les deux barmes peuvent connaître de légers gels. Probablement pas partout et pas tous les ans. J’aurais tendance à penser que la fréquence de gels doit être similaire à celle de Nice (les derniers gels remontent à fev. 2012 sur le rivage de la baie des Anges). Menton a en revanche subit des gels en fév. 2018 contrairement à Nice.

Cette réflexion vise à évaluer les risques que je prends en acclimatant de nouvelles espèces exotiques. Le corossol, le jackfruit, le papayer, les pouteria, les garcinia, les passiflores (liguralis)… Comment vont-ils se comporter ? Faut-il anticiper des protections hivernales ? Je ne suis pas inquiet pour les plantes qui peuvent encaisser de légers gels, car mes avocatiers Fuerte (-4 à -5° en terme de rusticité) sont âgés.

Je pense que l’expérience est assez audacieuse, et vous pouvez compter sur moi pour la documenter à travers les vidéos mensuelles !

La station de Menton en temps réel :
https://www.meteociel.fr/temps-reel/obs_villes.php?code2=6083005

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Commentaires

2 réponses à “Le climat mentonnais en question”

  1. Avatar de Alainenchemin
    Alainenchemin

    On a souvent tendance à considérer le seuil de gel comme une sorte de cap essentiel. C’est d’ailleurs le cap que me suis fixé dans ma serre, le hors gel.

    Je pense que c’est important pour les fruits mais je commence à constater que pour beaucoup de plantes le mini est au dessus.

    Comme l’Australie a une diversité de climat incroyable, j’accorde une grande attention à ce que donne la pépinière Daleyfruit qui a une expertise énorme. Et force est de reconnaître qu’ils positionnent souvent pour les plantes tropicales le seuil suivant « Aime les températures supérieures à 5 deg »

    Je pense qu’ils ne parlent pas d’un seuil de survie mais du niveau ou on peut produire des fruits abondamment.

    Bref ça pose le sujet à un autre niveau ! C’est par exemple le cas dû jacquier et il y en a beaucoup d’autres

    Mais parfois on note qu’ils évaluent différemment un cultivar : gel « parfois » c’est le cas pour un cultivar de jackfruit. On voit la même chose pour le canistel : 5 en mini et une variété plus résistante et pour d’autres..

    Bref tout se tente mais penser cultivar d’emblée peut être important et on le sait bien avec les avocatiers.

  2. Avatar de Lepanneur
    Lepanneur

    Je pense qu’il faut créer une sorte d’unité de “puissance de gel” pour avoir des repères fiables.

    Parce qu’un gel bref à -15 peut porter autant de dégâts qu’un gel à -8 de plusieurs jours.
    Ainsi on aurait un calcul du genre E=P*t mais avec une “énergie gelive” qui est négative, une puissance de gel et enfin la durée du gel.

    Il faudrait voir ça avec un physicien

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