Non ! Il est impensable d’acclimater le palmier qui produit des noix de coco (Cocos nucifera) en France métropolitaine. Pourtant nous allons voir que cela n’est pas si extravaguant que cela…
L’origine du cocotier
Les palmiers (Arecaceae) font parti des plus anciennes plantes à fleur. Les plus vieux fossiles de palmiers datent du début du Crétacé (environ 120 millions d’années).
Déterminer la région endémique du cocotier n’est pas évident : car la noix peut traverser les océans et germer sur n’importe quelle côte si les conditions climatiques le permettent. Ainsi sur wikipédia, on indique que “des noix de coco fossiles ont été découvertes dans des endroits aussi éloignés que l’Inde et la Nouvelle-Zélande”. En Nouvelle-Zélande ? S’agit-il de fruits échoués sur les côtes de la Nouvelle-Zélande mais provenant de cocotiers poussant sous les tropiques ? Ou bien s’agit-il de cocotiers acclimatés à la Nouvelle-Zélande qui auraient produit ces fruits ? Et quel climat avait ce pays à l’époque de ces cocotiers ? Rappelons que la moyenne minimale en hiver austral du nord de la Nouvelle-Zélande est de +7°C (l’équivalent de Menton). Mais le Cap Reinga (nord de la Nouvelle Zélande) est pelé et les plantes dépassant les deux mètres sont bien rares aujourd’hui… Notez que le cocotier pousse dans l’archipel des îles néo-zélandaises Kermadec.
Aujourd’hui, des noix de coco échouent un peu partout (au nord de Sydney en Australie, sur les plages des îles Scilly en Grande Bretagne), l’embryon reste viable jusqu’à +8°C.
De quoi a besoin le cocotier pour se développer et fructifier ?
Il faut de la chaleur et de l’humidité, pour que le cocotier prospère. Mais en quelle quantité ? En ce qui concerne la température, on lit ici et là des températures minimum souvent de l’ordre de 10°C. Mais à la lecture des témoignages ont s’aperçoit que cela n’est pas suffisamment précis. Il est vrai que lorsque les températures descendent en dessous de 10°C, le cocotier peut subir des dommages (en fonction de la durée de ces températures et des variétés de cocotiers). L’assimilation du potassium serait en cause et provoquerait des taches brunes sur les feuilles. Il s’agit d’un phénomène souvent réversible et pouvant être réduit en ajoutant du potassium dans la ration de la plante.
Lorsque l’on compare les cocotiers à Madère (à la marina de Funchal par exemple) et ceux de Miami en Floride. On constate que ceux de Floride se développent plus rapidement, or ils peuvent être confrontés à des températures presque gélives ! Ces températures froides (30°F / -1°C le 25 décembre 1989 à Miami par exemple) sont de très faible durée et en journée le thermomètre peut dépasser les 20°C ! Le cocotier supporte beaucoup mieux ces brefs coup de froid. Ces observations ont conduit certains à penser que le plus important en terme de température serait celle du sol qui ne doit pas descendre sous les 7°C. Ce qui explique que dans certaines expériences d’acclimatation ; des résistances chauffantes parcourant le sol autour des racines du cocotier sont utilisées.
L’humidité est un autre facteur important, certes il pousse dans des zones assez sèches (Iles Canaries, Nouvelle Calédonie), mais dans ce cas il a les pieds dans l’eau ! Il pousse effectivement à très basse altitude et trouve dans le sol de l’eau en abondance (douce ou salée). On peut le trouver dans les terres où en altitude aux bords des cours d’eau (au Costa Rica les cocotiers poussent jusqu’à 1300 m d’altitude environ). Si le cocotier est loin d’une source d’eau le climat doit être très humide pour compenser.Suivant la littérature les besoins en eau d’un cocotier varie de 50 à 1000 l/plante.
Comme de nombreuses plantes tropicales, le cocotier redoute les conditions hivernales humides. L’arbre est donné pour la zone USDA 11. Ce classement se montre incapable de bien délimiter la zone du cocotier, vous l’avez compris il faut des journées chaudes toute l’année !
Exemples de cocotiers poussant loin de l’équateur
Voici une liste de cocotiers adultes qui se développent et fructifient (pour la plupart) dans des zones septentrionales :
– Californie (Newport),
– Madère (Funchal + Porto Santo),
– Floride (Tampa),
– Afrique du Sud (Port Elizabeth),
– Australie (Perth + Sydney Botanical gardens),
– Brésil (Porto Allegre).
Des expérimentations sont faites en pleine terre, mais les arbres ont souvent besoin d’une protection hivernale :
– La côte sud du Texas,
– Chypre,
– Israel.
A Palerme (Sicile) les essais semblent avoir échoué. Sur l’île de Lampedusa les cocotiers résisteraient quelques années favorables, puis dépériraient…
Un amateur de fruits rares de Floride (Boca Raton) a constaté que ces cocotiers pouvaient mieux résister aux coups de froid que le jackfruit (hiver 2010).
Les différentes variétés de cocotiers
Je pensais naïvement qu’il n’y avait qu’une seule variété de coco. Or, il existe une multitude d’espèces différentes classées suivant :
– la taille de la plante (nain jusqu’aux grands dwarft/tall),
– la couleur du fruit (vert/jaune/orange).
Aux Philipines certaines coco ont – à maturité – une chair qui a une texture de purée on les appelle “Macapnuo coconut” (ou “Kopyor” en Indonésie).
Elles n’ont pas la même tolérance au froid, on considère généralement que les variétés à fruits verts (Hawaian Tall) sont plus rustiques. Mais là encore les témoignages ne sont pas tous concordants.
Cocotier sous serre
Le cocotier peut pousser en serre tropicale. La plus célèbre est sans doute celle du jardin botanique de Londres (Kew Garden). La serre tropicale victorienne accueille un cocotier. Aux dernières nouvelles, il a du être remplacé car devenu trop haut il menaçait le vitrage. Notez que ce cocotier fructifiait. Ce cocotier montre que les besoins en lumière sont relativement modestes puisque la capitale anglaise n’est pas réputé pour son ensoleillement (1480 heures par an en moyenne). Inutile de préciser que la serre est chauffée, car malgré la douceur de la capitale britannique cela est très insuffisant pour le cocotier !
Le cocotier en serre chauffée est une option pour les zones tempérées, dans ce cas choisissez une variété naine !
Cocotier en pot
Le cocotier peut être conduit en container. Il peut pousser dans un appartement, ou en véranda. On peut le sortir en saison chaude. Ainsi en Andalousie, un cocotier en pot sur une terrasse en plein air se développe. Pour ce type de culture, là encore, il faut privilégier les variétés naines.
Expérimentations, hydridations…
Si vous souhaitez de beaux palmiers proche botaniquement du cocotier ; Parajubaea sunkha,poussant en Bolivie pousse entre 1700 et 2 500 m d’altitude (il résisterait à -6°C environ). Il donne de toutes petites noix de coco.
Le Cocotier de Quito (Parajubaea cocoides) est également une variété plus rustique il pousse jusqu’à 3000 m d’altitude en Equateur.
Les Syagrus psuedococcos sont également une piste.
L’hybridation de ces variétés avec le vrai cocotier est sans doute une piste intéressante de recherche. Une autre piste consiste à sélectionner des variétés résistantes en partant par exemple de spécimen prélevé dans des zones septentrionales ou en altitude. Là encore, le sud de l’Himalaya constitue un vivier intéressant !
Conclusion
Cet arbre emblématique des tropiques peut s’acclimater sous nos lattitudes en serre chauffées maintenues à +10°C minimum. La chaleur et l’humidité seront des facteurs déterminants pour leur développement et obtenir des fruits. En plein sol, même dans les endroits les plus privilégiers de la côte d’Azur ou de la Corse, les températures hivernales sont trop durablement froides pour envisager la culture. Dans ces régions, véranda, serre froide ou protections hivernales chauffantes pourraient permettre de maintenir la plante vivante.
Le cocotier peut également pousser quelques années en intérieur chauffé dans un endroit lumineux.
Références
https://www.palmtalk.org/forum/
http://tropicalfruitforum.com/index.php?topic=1018.msg369081#msg369081
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