Je voudrai dans cet article partager mon désarroi à propos des commandes en ligne. Plus qu’un simple “coup de gueule” je souhaiterai apporter quelques réflexions afin d’améliorer la vente par correspondance des végétaux. Aujourd’hui, je me trouve dans la situation suivante : j’aimerai commander des plantes chez certains pépiniéristes, mais je ne veux pas recevoir des plantes moribondes à l’issu d’un interminable transit. Je ne remets pas du tout en cause la compétence du vendeur dans son métier de pépiniériste. En revanche, la vente par correspondance est une discipline qui ne s’improvise pas.
Une plante peut-elle transiter pendant 15 jours sans dommage ?
J’ai appelé un pépiniériste car mon colis n’arrivait pas : on m’a répondu que le colis était parti et qu’il ne fallait pas s’inquiéter car les plantes pouvaient endurer un voyage de deux semaines. Mais c’est plus fort que moi, dès que je prends connaissance de l’expédition des plantes, je pense à leur état, à leur condition dans le noir, dans les entrepôts, les camions. J’ai un peu de scrupule à appeler les pépiniéristes car je me dis que je psychose pour rien ! Il est vrai que lorsque les plantes sont arrivées les pots étaient encore humides. En revanche, aucune plante n’a supporté l’obscurité prolongée. Les études sont formelles : une plante verte ne peut survivre au delà de 4 à 20 jours sans lumière selon les espèces. Les plantes exotiques à feuillage persistant tolèrent très mal l’obscurité prolongée. A l’inverse, les arbres caducs en racines nues s’accommodent de longues durées sans lumière. J’ai personnellement travaillé dans la vente à distance de denrée alimentaire dans les années 90. La durée du transport était l’élément crucial : nous savions que la quantité de pertes évoluait de manière exponentielle avec le temps ! C’est la raison pour laquelle toutes nos expéditions étaient concentrées sur le début de la semaine, le lundi la plupart des colis étaient expédiés. A la fin de la semaine, il était hors de question d’envoyer quoi que ce soit compte tenu du Week End férié. Pour une plante exotique, passer le premier Week End en transit réduit considérablement ses chances de survies.
Des sommes importantes gaspillées
Aujourd’hui, quand je passe une commande, j’angoisse pendant toute la livraison : je m’organise pour que quelqu’un soit toujours là pour réceptionner et j’attends, j’attends, j’attends. Je pense aux difficultés des plantes à survivre dans le noir. Et arrive un premier week end… et toujours rien. Je consulte le suivi du colis, contacte le pépiniériste… Rien, toujours rien. Quel calvaire ! Quand le transporteur daigne enfin livrer, je suis surpris de voir encore un peu de verdure. Mais cela ne durera pas longtemps ! L’état de la plante a été figé par l’obscurité et le retour à la vie est aléatoire. D’un point de vue écologique et économique, je regrette toute cette énergie, cette matière dépensée pour rien.
Je n’ai jamais eu le cas d’un pépiniériste responsable qui se soit engagé à me rembourser ou re-expédier la commande à ses frais. Pourtant cela me semble couler de source ? A défaut, quelques excuses pourraient me réconforter, mais là encore il faudra que je révise mes prétentions… Dans l’esprit du pépiniériste, le consommateur ou le transporteur doit endosser tous les risques. Je serai à ses yeux le responsable, pas la victime. En fait, les plantes mortes sont indubitablement les grandes victimes ! Je ne compte pas les plantes perdues consécutivement à un long trajet : je dois bien dépasser le millier d’euro ! Je suis épuisé, le stress de passer commande, l’anxiété et les mauvaises surprises pèsent plus lourd que les pertes économiques.
Penser aux besoins physiologiques des plantes.
La plante a besoin de lumière. C’est indéniable. Un autre aspect est souvent occulté : une plante de pépinière est chouchouté. Atmosphère contrôlée, arrosage programmé(…), une fois chez soi, on ignore comment prolonger le bien être de la plante ? Quelle température ? Plein soleil ? Mi-ombre ? Arrosage soutenu ? Les plantes ont besoin d’un temps d’adaptation, mais on ignore leurs conditions initiales…
Les solutions existent
Etrangement, quand je passe commande à certaines pépinières en ligne tout se passe toujours parfaitement. Bizarrement, il s’agit souvent de pépinière situées à l’étranger ! Par exemple, les commandes chez Adavo (Tchéquie) sont expédiées le lundi et reçues le mercredi ! Mais j’ai déjà épuisé depuis longtemps tout le maigre catalogue du pépiniériste. Idem pour Vivergil (Espagne), MyPalmShop (Pays Bas) ou Piccoli frutti (Italie) : aucun problème. Les pépiniéristes devraient négocier avec leurs partenaires transporteurs les conditions : les températures de transport, les durées, les responsabilités, les conditions de remboursement… Les pépiniéristes pourraient également innover : je me souviens d’une commande de racines nues, enveloppées intelligemment dans du film plastique à bulles. Les plantes pouvaient alors bénéficier d’un peu de lumière et les transporteurs prenaient conscience de la fragilité de cette marchandise difforme. Certes cela n’est pas très écolo le plastique, mais il est encore moins écolo de gaspiller, plantes, cartons et carburant ! Aucun pépiniériste n’à essayé, à ma connaissance, la fenêtre translucide pour apporter un peu de lumière dans le colis ?
Un appel
En l’état, je ne passe plus commande de plante par correspondance. Je trouve que les pépiniéristes devraient s’engager à fournir le service suivant :
– un véritable engagement et non pas une absence totale de responsabilité dès lors que le colis est remis au transporteur,
– une information précise sur les plantes vendues : est-ce greffé ? est-ce un semis, une bouture ?
– une information sur les variétés : et oui il existe des variétés précises de sapote blanche, lucuma, jaboticaba…
Enfin, ne pensez pas que je sois un cas isolé : les gens n’ont pas la caisse de résonance d’un blog pour évoquer leurs déboires. J’ai mis plusieurs années pour en parler ! Je ne souhaite pas parler de maltraitance de la plante, car c’est un sujet clivant et excessif. Quand d’autres personnes ne jurent que par les achats sur place. Je me dis qu’un jour, je m’offrirai le temps d’un beau voyage en Espagne et je sélectionnerai moi-même les plantes de mon jardin ? Car un ami qui séjourne régulièrement là bas me propose de ramener des plantes et je suis toujours ravi par leur vigueur et leur fraîcheur ! Je ne parle même pas du prix…
MISE A JOUR 18 février 2024 :
A la lecture des commentaires, je constate que les pépiniéristes font face à la loi du plus fort : les entreprises adressant le plus grand volume de colis peuvent négocier de prix avantageux et bénéficier de bonne conditions. Quel livreur voudrait se mettre à dos Amazon qui assure une part importante de son chiffre d’affaire ? Actuellement, les pépiniéristes n’ont pas la taille critique et espèrent que leurs précieux colis soient traités rapidement. La donne pourrait changer si les pépiniéristes s’associaient pour négocier ensemble de gros volumes ? Ils pourraient dès lors travailler à “armes égales” et concentrer leur plus value sur l’essence même de leur métiers : les plantes !
Voici une charte trouvée chez un célèbre pépiniériste transalpin :
Je crois toutefois que l’état d’une plante à l’arrivée est parfois un trompe-l’œil : les feuilles restent vertes alors que la plante a déjà périclité. Lorsque je coupe une mauvaise herbe : elle peut rester bien verte encore des semaines !
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