Autonomie (29) Trop c’est trop !

J’aurais pu vous parler du prix exorbitant des pommes locales deux fois plus chères que le litchi dans une fameuse chaîne de primeur.  Mais j’ai déjà souvent évoqué sur ce canal l’inversion des valeurs propre à notre société qui s’égare. Et puis, vous allez voir, je n’ai plus le temps de reproduire les mêmes actions !

Hier soir, je regardais le catalogue de graines d’un californien spécialisé dans les fruitiers rares. Lire ce catalogue revient à voyager à travers le continent américain à la recherche de merveilles naturelles. Vous pensez que l’on a déjà extrait depuis des siècles les meilleurs fruits du nouveau continent ? Des tomates, des cherimoyas, des ananas (la liste est longue !) et bien je pense que non ! En effet, en parcourant ce catalogue je me suis rendu compte que l’auteur – qui a lui-même arpenté les collines, les plateaux ,les sommets, la jungle et les déserts pour dénicher ces raretés – s’étonne de découvrir encore et toujours des fruits délicieux complètement ignorés et qui pourraient susciter l’engouement du public.

CYPHOMANDRA CAJANUMENSIS (CASANA)
A true wonder and treasure, the casana is surely the sweetest of all tamarillos with a bright fragrance and juicy taste of bananas and passionfruit. It honestly puts most tree tomatoes to shame. It is quite surprising why it’s not in cultivation anywhere when it has such massive commercial potential. Fruits have no detectable alkaloids or calcium stones in the flesh like many other wild and cultivated tamarillos. This species is clear cut in its habitat to grow crops though there is a occasional farmer who protects and nurtures them in its high Andean range. The plants grow to about 20 feet, they are native to ecuadorian cloud forests avove 9000 feet, above frost zone so they can handle brief frost. Pursuing this fruit was among the most challenging pursuits, hiking in knee high mud for 4 hours and driving the notorious mountain roads known as “Caminos de muerte” (roads of death). The greater the risk the greater the reward I say!

https://www.raindanceseeds.com/plantsandseeds/z010hjca1njvftrwtqa55ek6uiocmm

Véritable merveille et trésor, le Casana est certainement le plus doux de tous les tamarillos, avec un parfum vif et un goût juteux de banane et de fruit de la passion. Il rdiculise la plupart des tomates en arbre. Il est assez surprenant qu’il ne soit cultivé nulle part alors qu’il a un potentiel commercial si important. Les fruits ne contiennent pas d’alcaloïdes détectables ni de pierres de calcium dans la chair, comme c’est le cas pour de nombreux autres tamarillos sauvages et cultivés. Cette espèce est coupée dans son habitat pour être cultivée, bien qu’il y ait un agriculteur occasionnel qui la protège et la nourrit dans son aire de répartition dans les hautes Andes. Les plantes atteignent environ 20 pieds, elles sont originaires des forêts nuageuses équatoriennes au-dessus de 9000 pieds, au-dessus de la zone de gel, et peuvent donc supporter de brèves gelées. La quête de ce fruit a été l’une des activités les plus difficiles, avec des randonnées de 4 heures dans la boue jusqu’aux genoux et des routes de montagne tristement célèbres connues sous le nom de “Caminos de muerte” (routes de la mort). Plus le risque est grand, plus la récompense l’est aussi !

Quand j’ai lu ces descriptifs, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un sentiment d’impuissance. D’habitude, je suis plutôt traversé par de l’enthousiasme, mais cette fois-ci j’étais débordé par le désespoir que l’on éprouve lorsque la tâche est trop volumineuse pour ses forces ! J’ai réalisé à quel point j’étais ignorant ! Ce sentiment est probablement exacerbé par mon âge grandissant. Et oui, lorsque l’on atteint la cinquantaine, on a plus autant de marge pour expérimenter et entreprendre de grands projets ! Avant le covid, j’avais l’intention de créer une immense réserve dédiée aux fruitiers rares du monde entier. Un parc botanique puissance dix, permettant de voyager à travers l’univers enchanté des saveurs naturelles. Le covid est passé par là et le découragement m’a gagné. Je ne me suis plus estimé capable d’accomplir un tel projet. Il est probablement injuste de mettre sur le dos de la pandémie l’ensemble des raisons qui m’ont conduit à cette décision.

Lorsque j’ai pris connaissance de ce catalogue, j’ai eu un sentiment de solitude. Nous sommes si peu à s’intéresser à tous ses fruitiers rares ? N’y a t-il personne à vouloir goûter et découvrir toutes les merveilles que propose la nature sans artifice ? J’ai tord de penser cela, car je vois que la curiosité de beaucoup d’entre vous est piquée par ces fruits insoupçonnés. J’ai du mal à associer la recherche qui m’anime aujourd’hui avec la promotion des fruits oubliés (et sa fameuse asso et revue qui a tendance au fil des décennies à remémorer en boucle la même liste de fruits). Ce que je propose est bien différent : ici, on plonge dans l’inconnue, on navigue en territoire énigmatique.

Le nombre d’espèces comestibles donne le tournis : j’avais lu 70 000 ! Dans cette vidéo sur l’évolution des plantes, l’auteur évoque même 80 000. Il se base sur les études du Kew Garden.

Peu importe : c’est trop, beaucoup trop ! Les écoles de commerce ne cessent de rappeler que le consommateur est idiot par essence et qu’il faut simplifier l’offre de produit car son cervelet ne saurait tout retenir ! Et bien la nature, c’est tout le contraire : elle ne cesse de créer à foison, jusqu’à l’infini ! Je sais que cette affirmation vous semblera difficile à accepter tant elle est en contradiction avec la doctrine qui insiste sur la perte de diversité et l’extinction des espèces. Mais pour moi, la nature est par essence fractale : elle se répète, se redessine, se transforme à toutes les échelles !

Ce constat m’a quelque peu ébranlé, car un des jeux offert par la vie est de découvrir son environnement et ses interactions. Je considère que mon mode d’alimentation – manger que des choses brutes telles que la nature peut les offrir sans artifice – me prédispose dans cette quête du fruit méconnu. Je ne sais pas contenir et organiser cette soif de découverte. Se focaliser sur une espèce, sur une seule provenance, à certaines saveurs ? Mais pourquoi donc vouloir se limiter ? Je suis un peu comme un enfant insatiable qui ne comprends pas pourquoi il doit se restreindre. C’est la raison pour laquelle, j’ai passé commande des graines suivantes en me basant sur deux critères : la capacité à s’acclimater ici et la bonne saveur.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas ma démarche. Ils souhaiteraient me voir comme un spécialiste de telle ou telle espèce. Nous sommes dans un monde où la spécialisation est la règle. Je n’ai pas d’accointance avec ce type de comportement, même si je reconnais que perfectionner ses connaissances sur les avocatiers, les agrumes ou tout autre domaine sur lequel on a jeté son dévolu peu entraîner de beaux résultats. Savoir que certaines personnes collectionnent les avocatiers, les sapotes, les agrumes ou n’importe qu’elle espèce me fait plaisir, même si ce n’est pas mon chemin. En fait, dès lors que je suis parvenu à faire fructifier une espèce, je m’y désintéresse, car pour moi le challenge consiste à progresser dans l’inconnu.

C’est pour ça que je suis toujours avide de nouveauté ! Heureusement, nos moyens de communication et de transport permettent de se projeter dans un autre continent à la vitesse d’un click ! Je vous invite donc à consulter les catalogues, à dénicher des raretés potentiellement acclimatables et bonnes. Ce semencier californien m’a fait rêvé avec ses manguiers rustiques, ses tamarillos délicieux, ces papayes biscornues, et toutes ces espèces dont j’ignorais l’existence.  Sa démarche m’a semblé intéressante quand j’ai vu qu’il avait réussi à obtenir un yucca aux fruits comestibles qui n’a pas l’arrière goût savonneux des autres yucca. Évidemment, ce travail devrait également revenir à des chercheurs ou à des instituts. Mais David Faichild a très bien expliqué comment la recherche publique avait été dépossédé de ce sujet et que c’est maintenant au tour des amateurs et des pépiniéristes professionnels d’introduire de nouvelles espèces fruitières.

“Le meilleur service que l’on peut rendre à son pays est d’introduire une nouvelle espèce utile à son agriculture”. Thomas Jefferson

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Commentaires

7 réponses à “Autonomie (29) Trop c’est trop !”

  1. Avatar de lazzaret
    lazzaret

    Beaucoup…beaucoup…d’informations dans ce nouvel article, au demeurant très prenant, et de mon ressenti, bien plus personnel que quantité d’autres articles.

    Un aparté sur les écoles de commerce. Leur stratégie de dire que les consommateurs sont idiots est multiple : se donner le rôle de sachant et donc donner l’impression d’avoir des choses à (nous) enseigner. Rien n’est plus éloigné de la réalité. La simplification est uniquement une technique commerciale en plus de la spécialisation, et c’est bien le problème…on ne peut envisager et regarder une chose qu’au travers de prismes holistiques. La vie, je te rejoins, va toujours vers plus de complexité et d’interactions, et presque par ricochet, la simplification, la spécialisation, c’est la mort…alors oui nous sommes dans des sociétés mortifères et anxiogènes parce qu’on ne sait plus regarder la vie…Les écoles de commerce et les grandes écoles étant spécialisées pour enseigner les pulsions mortifères…

    Je voulais revenir sur l’opposition spécialistes (en pomologie par exemple) versus généralistes (passionnés par toutes les espèces fruitières). Je ne crois pas que les uns aient plus raison que les autres, simplement il faut des deux pour que ça fonctionne bien. Quand on voit l’immensité de ce qui existe, il y a effectivement de quoi avoir le tournis et c’est peut-être pour cela que ça donne envie de se spécialiser, pour se rassurer. Et puis il a aussi à voir avec le concept de possession. On ne pourra jamais tout posséder…il faut lâcher la bride à la nature, accepter qu’elle nous échappe…autant dans notre connaissance que dans nos pratiques. Cheminant ainsi, la nature redevient un espace d’évasion et nous, nous nous réconcilions avec notre animal intérieur. Nous apprenons à faire de nouveau partie de cette nature.

    Comme toi, une fois que j’ai exploré un item, je vais naturellement passer sur un autre. C’est dans cette optique que je n’installe que très exceptionnellement deux fois ou plus une plante de même génétique, préférant de très loin multiplier les cultivars et les origines, dans l’espoir un peu fou, de réintroduire la faculté pour de petites populations d’évoluer sans mon intervention. J’aime me dire que dans mon environnement, dans 100 ans, il y aura des citronniers non seulement rustiques mais aussi fertiles et prompts à préparer les nouvelles générations de citronniers rustiques. Et c’est un exemple parmi d’autres.

    Sur le constat final que la recherche, notamment publique, ne fait plus le job…oui mais pourquoi ? la réponse est simple et évidente : à cause de l’argent ! On peut se considérer comme évolués mais tant qu’on ne voudra pas comprendre que l’argent doit rester un outil et non une finalité, que le commerce est un moyen d’émanciper les sociétés et ne devrait jamais servir à les asservir…tant qu’on ne voudra pas accepter cela, alors on passera à côté de l’essentiel. On pourra continuer de se croire évolués et intelligents mais nous resteront en définitive des bigots culturels à défaut d’être restés des bigots religieux.

    Merci Benoit pour ta tribune, et une fois encore pour toutes les informations que tu partages.

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      “il faut lâcher la bride à la nature, accepter qu’elle nous échappe…autant dans notre connaissance que dans nos pratiques. Cheminant ainsi, la nature redevient un espace d’évasion et nous, nous nous réconcilions avec notre animal intérieur. Nous apprenons à faire de nouveau partie de cette nature.”
      C’est exactement ça ! Merci.
      J’ai un peu hésité à publier cet article, mais au final je crois que c’est mieux de dire ce que l’on pense, si on se trompe on a toute la vie pour corriger

  2. Avatar de Alep31
    Alep31

    J’adore cette reflexion.

    Je partage complètement vos avis sur la diversité et la non spécialisation. Edgard Morin a très bien raconté tout cela avec la « reliance ». Ne pas opposer mais concilier litteraire et scientifique, technologies et nature, le ciel spirituel et la terre nourricière. A un niveau intérieur, ca existe aussi car la vie nous invite a unir en nous des contraires.

    Alors oui j’aime autant la nature sauvage que celle qu’on cultive que la mienne au tréfonds de moi !

    Pendant plusieurs années un de mes objectifs a éte de rassembler dans mon jardin tous les fruitiers cultivés en France. J’y suis presque arrivé et c’est alors que j’ai eu envie de découvrir les fruits des autres contrées, grâce notamment a toi Benoit.

    Et quel choc alors de découvrir tout cette immensité et diversité. Je n’ai pas ressenti de sentiment d’impuissance car j’avais deja été confronté a l’immensité du monde (extérieure mais aussi intérieure) mais plutôt un émerveillement et un sentiment d’humilité. Comme disait la personne qui m’a appris la greffe : l’homme propose, la nature dispose.

    Pourtant je dois dire une différence. Non je ne passe pas à autre chose dès la première fructification.

    J’aime fondamentalement l’idée de me nourrir avec le résultat des ma passion des fruitiers. Ne pas cultiver et maintenir cet objectif n’est pas possible pour moi. Peut etre un ego mal placé mais je suis satisfait d’avoir atteint cet objectif avec les fruits classiques (une trentaine). Et produire et conserver 200 ou 300 kg de belles pommes bio pour en consommer toute l’année fait partie d’une « transversalité «  de compétences plus grande manifestée par un résultat procurant une immense satisfaction. En donner a ma famille et mes amis aussi. Les transformer avec mon épouse en plats merveilleux à déguster encore plus.

    Moi aussi je suis avide de nouveautés mais parfois pour découvrir une nouvelle espèce parfois pour découvrir une nouvelle technique, savoir-faire, variété sur une que je connais déjà qui me permettra d’en manger vraiment chez moi.

    Un savant équilibre entre ouverture et persévérance, connaissance et action, renoncement et opiniatreté.

    Le même cheminement vaut pour la découverte des plantes pour leur beauté, une immensité encore plus dingue et la patience de cultiver son jardin botanique année après année avec patience pour parvenir à une nourriture d’un autre ordre.

    Heureusement les fruitiers, toute la nature a besoin de temps pour nous en laisser et permettre cet union de l’ ouverture pour la découverte avec la persévérance pour un résultat nourrissant.

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      Je crois que le jour où j’aurai le blues, je relirais vos commentaires pour me donner la patate ! C’est fou, car le fait d’avoir posé clairement les choses et de vous avoir lu m’a redonné envie de m’investir à nouveau dans ce projet de réserve fruitière exotique ! Mais franchement, j’ai beau avoir déjà fondé une entreprise, là je ne sais pas par quoi, ni par où commencer !
      Comme ce projet est surdimensionné pour moi, je vais peut-être chercher des partenaires ?

  3. Avatar de Pierre-Olivier
    Pierre-Olivier

    Ouaou, quel bel article Benoît, merci de parvenir à la fois à nous donner des bons tuyaux pour nous futures recherches et à nous faire prendre aussi un peu de recul sur la finalité de notre passion commune et l’essence de nos motivations.

    Du coup sur le premier point je n’ai pas pu m’empêcher comme toi de commander quelques graines à ce semencier passionné qui nous fait voyager 🙂 Je suis partant pour faire des partages plus tard si les semis répondent bien !

    Et sur le second je constate que j’ai du mal à définir clairement mes propres motivations à consacrer pas mal de temps à découvrir les plantes de notre monde, et notamment fruitières, puis tenter d’en acclimater quelques unes.
    J’imagine que c’est un ensemble complexe de choses :
    – la volonté de resté connecté autant que possible à la terre, et je devrais plutôt dire au sol, auquel nous sommes si biologiquement liés. Nos sociétés occidentales le néglige et la maltraite, j’ai tellement de reconnaissance pour certains auteurs (et en premier lieu Marc André Selosse) de m’avoir fait découvrir ce monde interconnecté passionnant à l’origine de tout.
    – la volonté de parvenir à cultiver une partie de mon alimentation et d’avoir la satisfaction de manger des produits sains, d’une grande qualité organoleptique et aux goûts variés, surprenants et originaux.
    – le challenge d’y parvenir en environnement un peu hostile (sécheresse, calcaire, …).
    – le plaisir de sortir de la routine et de voyager sans nécessairement voyager !
    – le plaisir de parcourir l’immensité de la nature que tu évoques. J’ai bien conscience que je n’en ferai jamais le tour, mais comme dit une vieille pensée bouddhiste, il n’y a pas de chemin au bonheur, le bonheur est le chemin.

    La sagesse est donc probablement de constater comme tu le fais et d’accepter le foisonnement du monde et de la vie, d’y trouver notre place. Découvrir l’inconnu et le partager est probablement ce qui peut le mieux nous accomplir, tu le fais merveilleusement bien à travers ce blog, le forum, le groupe.
    J’espère que tes sentiments d’impuissance et de solitude (re)laisseront place très vite à l’émerveillement et que tu trouveras une manière enrichissante de poursuivre ton chemin.

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      “il n’y a pas de chemin au bonheur, le bonheur est le chemin.”
      Merci pour ton message. Vous pouvez pas savoir à quel point cela me touche de pouvoir partager cette passion de l’acclimatation !
      D’autant plus que vous avez des conditions de culture différentes, donc peut être plus de chances de réussites ?

  4. Avatar de Vincent
    Vincent

    Je suis toujours fasciné par la foultitude de plantes qu’on découvre quand on cherche un peu hors des sentiers battus, et même dans ces chemins dits battus on découvre toujours des choses ” C’est en allant loin dans le fini que l’on découvre l’infini ”

    Je tente, à mon petit niveau, d’augmenter le nombre de variétés, et j’invite tous le monde à faire de même. Nous avons, je pense, perdu cette dynamique de diversification en abattant les frontières entre les lieux et ceux qui y résident ( cela paraît paradoxal ), et en laissant les spécialistes et la majorité des agriculteurs de profession s’occuper de cette thématique, à leur manière, avec les nouveaux impératifs qui sont apparus pour être en phase avec la demande des marchés.
    De plus, la tertiarisation de l’économie, et avec l’effondrement du mode de vie qui était propre à la ruralité, ne pouvait plus porter cela, cette dynamique qui nous offre, nous lègue cette diversité qui nous émerveille ( qu’on peut nommer patrimoine variétal, et le considéré comme aussi important que d’autres ).

    Merci Benoît pour ce billet

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