“Je cultive peu d’aliments que je mange, et pour le peu que je cultive, je n’ai pas sélectionné ou perfectionné les semences.”
C’est ainsi que commence un email que Steeve Jobs s’est adressé à lui-même peut avant sa mort. La presse a l’habitude de nous présenter ce patron emblématique comme un génie surdoué aux commandes d’une multinationale colossale (Apple). Mais le cliché ne colle pas vraiment à la réalité. A travers cet email, on perçoit une certaine vulnérabilité et un questionnement profond. Il énonce son incapacité à subvenir à ses besoins fondamentaux et sa dépendance envers la communauté. Ainsi, ce richissime entrepreneur constatait que le confort d’une vie moderne et fastueuse l’éloignait de la simplicité des actions qui nous relie à la Nature.
“Je ne fabrique aucun de mes vêtements.”
Une autre affirmation de Steeve Jobs : “Je n’ai pas inventé le transistor, le microprocesseur, la programmation orientée objet, ni la plupart des technologies avec lesquelles je travaille.” Ainsi, Jobs renonce aux éloges. Il fait état de notre interdépendance, de notre assujettissement à la technologie. Nous ne sommes pas en présence d’un savoir partagé et commun, mais d’un processus de découverte individuel et élitiste. On utilise tout un tas d’outil dont on est incapable de comprendre et de reproduire les mécanismes. On est dépendant. Or, cet l’e-mail teinté de nostalgie semble indiquer que la nature n’agit pas ainsi avec l’homme. Ainsi, l’entrepreneur concluait :
“J’aime et j’admire mon espèce, vivante ou morte, et je suis totalement dépendant d’elle pour ma vie et mon bien-être.”
Il existe autant de chemin de vie qu’il existe d’individus. On voudrait croire que certains sont plus harmonieux que d’autres. Rien n’est moins sûr. Il semble difficile d’être connecté à la fois à la technologie et à la nature. Les gens de la ville regrettent la campagne, tandis que certains paysans lorgnent sur le confort de la cité. Si Steeve Jobs avait cultivé toute sa nourriture et tissé ses habits, aurait-il été assurément plus satisfait ? Rien n’est moins sûr. Il n’est pas évident que les gens qui se considèrent proche de la nature soient automatiquement plus heureux et vertueux. En fait, il y a beaucoup de jugements et de clichés : les uns dénoncent les êtres aliénés qui peuplent les villes, quand les autres se moquent de comportements archaïques !
Dans ce dédale, difficile de savoir ce qui est juste. Peut-on à l’âge du smartphone renoncer à la technologie ? Visiblement non, votre banque vous l’impose pour sécuriser vos comptes bancaires et vos paiements ! L’état demande à ce que vos échanges passent par un espace en ligne… Le vœu de Steeve Jobs est-il tout simplement possible ? La technologie est un buldozer qui retourne nos terres, nos habitudes et nos âmes… L’état accompagne cette transformation et ne protège pas nos anciens qui peinent avec ces changements technologiques. L’état devrait représenter les habitants d’un pays, protéger les vulnérables et permettre de réaliser ce que l’individu isolé n’est pas capable. L’état c’est le bien commun, une entité au service de chacun. Il est important de le rappeler, car aujourd’hui l’administration n’est pas ainsi perçue par les usagers. Les lourdeurs administratives, les injustices, les inégalités sont des notions qui résonnent en chacun de nous. L’administration c’est avant tout le pouvoir qui sanctionne.
On le voit dans les espaces verts de nos villes : on nous impose toujours les mêmes plantes décoratives, comme s’il n’existait qu’une dizaine d’espèce sur terre ? Je déplore ce manque d’ambition, moi qui suis convaincu qu’un des buts ultime est de transformer notre planète en verger comestible (le paradis !). Et se réjouir ainsi de voir les enfants se régaler de mandarines, les mamans se délecter de figues ou d’autres ramasser les olives… Mais aujourd’hui, les gens passent devant les arbres en les méconnaissant. On s’inquiète d’avaler un fruit naturel, mais on mange les yeux fermés un produit industriel enfermé dans du plastique.
En 44 ans : -66% d’agriculteurs, +100% de fonctionnaires.
“Un exemple qui m’a frappé : le nombre d’agriculteurs est passé de 1,2 million en 1980 à 400 000 en 2024. Sur la même période, le nombre de fonctionnaires du ministère de l’Agriculture est passé de 18 000 à 36 000.“
https://www.youtube.com/shorts/1Jx6V2on9pM
Et si les fonctionnaires qui attribuent les subventions et rédigent les normes faisaient du bon boulot, pourquoi au bout de la chaîne autant de suicides ?
C’est peut-être ça aussi qui gangrène le monde : beaucoup de métiers de bureau et très peu d’actions concrètes avec la Nature et la Matière ? C’est d’ailleurs la question que se posait Steeve Jobs…
Les progrès techniques permettent de s’extraire de certaines tâches méprisées. Je me souviens d’une conversation avec des dirigeants d’entreprise : ils ne comprenaient pas que certains ouvriers étaient attachés à leur travail et refusaient des postes où ils pouvaient exprimer plus de créativité. En bâtissant mon mur, je comprends que l’on puisse apprécier la quiétude d’une tache simple même si elle peut être répétitive et physique. Tout le monde n’aspire pas à devoir innover, créer, planifier, intellectualiser sans cesse et à outrance…
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