Le climat français n’est pas aussi propice à la culture de cet arbre que celui de l’Espagne. Or, une grande partie des avocatiers proposés par les pépinières françaises viennent de la péninsule ibériques. Même si les avocatiers espagnols supportent certains de nos hivers doux ; sur le long terme, il est irréaliste d’avoir du Hass ou même du Bacon dans la plupart du territoire français.
Il convient donc de créer une filière dédiée à l’avocatier rustique. Idéalement, il devrait pouvoir supporter -8° (comme un pomelo) sans encombre. Le protocole suivi pour les agrumes rustiques français pourrait inspirer celui de l’avocatier résistant au froid.
Il faut donc inventorier les variétés adaptées à nos climats. Quels sont les arbres ayant survécus aux vagues de froid (milieu des années 80, fev 2012, fev 2018) ? Comme il existe peu d’avocatier en France et que la démarche d’acclimatation de cet arbre est récente, il y a un manque criant d’informations. Nous disposons surtout de données en provenance des États-Unis. Les jardiniers américains sont plus nombreux, partagent plus volontiers leurs expériences et disposent d’une diversité génétique plus grande. De surcroît il y a eu des vagues de froid très récentes : 2022 et 2025. Personnellement, j’ai eu écho d’un avocatier “Fantastic” qui a supporté environ – 12°C à la Nouvelle-Orléans.
En se basant sur ces informations, on peut dire que le Fantastic mériterait d’être éprouvé en France. Je mets tout de même en garde sur le fait que les hivers de Louisiane sont forts différents de nos hivers froids, humides, longs et obscurs. L’idéal serait d’avoir des plants de Fantastic sur ses propres racines donc en utilisant la méthode du clonage, afin que le porte-greffe ne périsse avant le greffon ! La variété Aravaipa pourrait être intéressante, mais les témoignages de rusticité sont assez maigres tout compte fait. Il aurait supporté en 1913 des températures de l’ordre de – 13°C en Arizona. À ce stade, nous ne disposons pas d’information plus récente.
Aujourd’hui, je vois pas mal d’agitation autour des avocatiers et c’est tant mieux. Ces expériences tout azimut devraient permettre d’accroître nos connaissances pour peu qu’elles soient partagées. Bien sûr, il est regrettable que tout le monde ne puisse disposer des meilleures génétiques, des candidats les moins frileux. La rareté du matériel végétal est le principal frein aux tentatives d’acclimatation.
Les deux grands expérimentateurs européens en termes d’avocatier se situent en Suisse dans une zone particulièrement favorable du Tessin et en Espagne entre Valence et Madrid. Malheureusement pour nous, ils n’ont pas subi des froids suffisants marqués pour qualifier toutes les variétés en terme de rusticité. C’est la raison pour laquelle je m’attends à ce qu’il y ait lors de la prochaine vague de froid beaucoup de surprises ! Lorsque je vois les dégâts subis par mes avocatiers en février 2018 il est fort à craindre qu’une vague de froid d’une intensité et d’une longueur plus importante pourrait être fatal pour de nombreux sujets.
Je pense également qu’il faut se méfier des informations, des origines… Mettre en place une filière d’avocatier rustique prend du temps et les professionnels ne peuvent du jour au lendemain proposer le St Graal ! Dans notre groupe télégramme, nous avons constaté que certains pépiniéristes vendaient des plans d’avocatier qui ne correspondait pas aux descriptifs. Par exemple, des plants de variétés mais qui ne sont pas greffés ! Ou des porte-greffes soi-disant in vitro qui sortent d’un noyau ! La déception des jardiniers est grande, face à ces tromperies.
Il faudra encore de nombreuses années pour parvenir à mettre sur le marché des variétés rustiques ayant enduré des températures froides. Pour gagner du temps, on pourrait utiliser des chambres froides afin d’éprouver les candidats.
À ce stade , on peut théoriquement estimer que Fantastic et Aravaipa sont de bons candidats. Les autres “tex-mex” ne sont pas moins méritants, toutefois on dispose de moins de témoignages à leur propos. Ils mériteraient tous un crash-test pour transformer nos hypothèses en certitudes. Il est évident que ces variétés doivent être reproduites sur un porte-greffe au moins aussi résistant. C’est pourquoi le clonage me paraît indispensable dans la production de plants !
Les adeptes de la sélection par semis ne doivent pas désespérer pour autant. Leurs expérimentations surtout si elles sont partagées sont très utiles pour faire progresser la culture d’avocatier en climat froid. Lorsque j’ai demandé à l’agriculteur espagnol s’il avait remarqué si parmi ces centaines d’avocatiers de type mexicain quelques sujets particulièrement productif ou résistant au froid se détachaient ? Il n’a pas su identifier vraiment de semis chanceux sur ces deux critères. En revanche, il semble gustativement les apprécier tous !
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