Canada, the most affluent of countries, operates on a depletion economy which leaves destruction in its wake. Your people are driven by a terrible sense of deficiency. When the last tree is cut, the last fish is caught, and the last river is polluted; when to breathe the air is sickening, you will realize, too late, that wealth is not in bank accounts and that you can’t eat money.
proverbe amérindien
Le Canada, le plus riche des pays, fonctionne selon une économie d’épuisement qui laisse la destruction dans son sillage. Votre peuple est animé par un terrible sentiment de carence. Lorsque le dernier arbre sera coupé, le dernier poisson pêché et la dernière rivière polluée ; lorsque respirer l’air sera écœurant, vous réaliserez, trop tard, que la richesse ne se trouve pas dans les comptes en banque et que l’argent ne se mange pas.
Ce proverbe bien connu met en exergue la profonde inversion des valeurs de notre époque. L’argent, cet “équivalent général abstrait”, conditionne les humains. Au plus profond de nous-mêmes, de manière insidieuse, il façonne nos comportements. Certains sont dépensiers, d’autres avares, mais il n’existe pas de rapport neutre ou naturel avec l’argent. On veut nous faire croire qu’une réforme monétaire plus ou moins profonde suffira à résoudre ces conflits. Le bitcoin, la monnaie solidaire ou locale, la lutte contre les paradis fiscaux, la dématérialisation sont probablement plus des changements de forme que de fond. L’argent est un élément central dans la domination de classe. Ceux qui possèdent des sommes faramineuses d’argent sont souvent improductifs dans le sens où dans le meilleur des cas ils sous traitent. Mais ils ont les moyens financiers de faire croire qu’ils sont utiles.
Le travail nourrit pas seulement le travailleur mais également tous ceux qui l’exploitent. Et un écran de fumée empêche l’exploité de prendre conscience de ce vol. Il est illusoire à mon avis de penser pouvoir s’extraire de ce paradigme. Que l’on soit au RSA, ouvrier, indépendant, retraité, chef d’entreprise, fonctionnaire, nous sommes tous victimes. Bien sûr, plus on a de l’argent plus on peut accéder au confort et à l’abondance. Mais la plénitude peut-elle être obtenue par l’acquisition de biens matériels ou de services ? C’est là où l’inversion des valeurs piège les gens.
La véritable solution ne peut qu’être collective. Dans cette crise sanitaire – réelle ou imaginaire – tout le monde espère un retour à la normale. Et l’on est prêt à n’importe quel sacrifice pour cela ! Dans la pratique, on se projette “comme avant” : les vacances, la future maison… Dans un monde de plus en plus déséquilibré et incohérent, on s’applique à ne pas voir la réalité. Lorsque je regarde objectivement la situation je vois deux choses : cette richesse apparente (toutes ces voitures surdimensionnées, l’abondance et l’accumulation de biens) et une production de plus en plus faible. Tout ceci est rendu possible par l’héritage du passé et le privilège d’une monnaie forte.
Mais que se passera-t-il lorsque les pays producteurs, en particulier la Chine, n’accepteront plus notre monnaie sans contre-valeur ? Cette question est impensable. Et pourtant, en investissant massivement dans l’or, ces pays nous envoient un signal qui devrait nous faire réagir. Ils sont assis sur une réserve d’or confortable, lorsque nous nous pavanons sur une montagne de dettes abyssales. Avoir conscience de notre dépendance toujours plus grande me semble être un premier pas, mais comment agir ?
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