Il y a de nombreux fruitiers qui ne bénéficient pas encore de variétés sélectionnées. Imaginez la famille des agrumes sans sélection : des oranges amères, des mandarines acides bourrées de pépins, des pamplemousses fibreux… Avec des fruits reproduit par semis et aux caractéristiques imprévisibles !
C’est un peu ce qu’il se passe dans le monde des goyaves fraises, des dovyalis, des carissa… Je lis sur internet des gens très déçus par la saveur des pommes Kei (dovyalis). Personnellement, j’en ai mangé deux fois : une fois fin juin des fruits vraisemblablement immatures et une fois en septembre. Ces derniers étaient très bons, comme un abricot juteux avec un pointe d’ananas. Marta (California Rare Fruit Growers) a posté une vidéo instructive où on la voit se délecter des dovyalis d’un arbre tout en récusant des autres arbres.
Au niveau du travail de sélection, je pense qu’il y a trois méthodes :
1. L’hybridation naturelle : croisement intraspécifique ou interspécifique qui se fait naturellement dans la nature et permet d’obtenir des sujets aux caractéristiques nouvelles.
2. L’hybridation forcée ou manuelle : dans ce cas, on croise deux plantes identifiées dans l’objectif d’obtenir un hybride intéressant. On isole le pollen mâle et on s’assure qu’il vient bien fécondé le pistil hôte.
3. L’hybridation artificielle où la technologie intervient : bombardement de l’ADN avec des rayons ionisant (certains pomelo rouges ont été ainsi obtenus) ou manipulations génétiques OGM.
Les deux premières méthodes sont accessibles au commun des mortels et ne me semblent pas poser de questions éthiques. Lorsque l’on voit une cagette d’avocat criollo mexicains, on distingue déjà les fruits qui ont donné des variétés (mexicola, wilma, poncho…) :

La goyave Tardijo

Donc pour en revenir à la goyave fraise, Alexandre m’a donné il y a quelques années un goyavier qu’il pensait être un vrai goyavier (Psidium guava). Il s’agissait en fait d’un goyavier fraise (Psidium cattleianum). Il s’avère que ce goyavier fraise est tardif (maturité en novembre/décembre sur Nîmes) et produit des fruits jaunes de gros calibre (pour un goyavier fraise) et d’excellente qualité gustative. C’est une variété que je souhaite promouvoir car elle se distingue des autres, je la conseille pour les zones protégées compte tenu de sa maturité hivernale. Je l’ai baptisée “Tardijo” (inspiré par le nom de la mandarine “tardivo” qui est tardive). Tardi = Tardif, Jo = jaune comme la couleur de sa peau et de sa chair. Elle doit être reproduite végétativement pour conserver ses spécificités. Je propose aux pépiniéristes intéressés de me contacter pour obtenir du greffon.
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