Photo : jeune plant de jackfruit au bureau (Gard)
Chaque acclimateur a des objectifs qui lui sont propres ! Même si j’ai parfois du mal à comprendre certains, je trouve que la disparité de nos approches est enrichissante. Je vais un peu détailler ma démarche, sachant qu’elle peut évoluer dans le temps. L’acclimatation répond pour moi à un besoin d’autonomie. Je souhaite manger le plus possible de fruits du jardin. Ayant rencontré des difficultés avec les fruits du pays (abricot, cerise, pêche pomme… ont bien du mal dans mon jardin), je me suis rabattu sur des essences plus exotiques que j’avais découvert lorsque je travaillais à Orkos. Autre écueil des fruits du pays, les arbres en sont dépourvu en hiver !
Mon intention n’est pas de couvrir un large spectre de fruitiers exotiques, mais plutôt dans un premier temps de planter des fruits dont je suis friand : cherimoya, sapote, banane, avocat… C’est la raison pour laquelle j’adopte finalement beaucoup de fruitiers qui ont fait leur preuve sous les tropiques ! Et je n’ai pas peur d’avoir beaucoup d’arbres d’une même espèce : je ne compte plus les casimiroa (une trentaine !) ni les cherimoya ! Je ne boude pas les espèces rares, car je reste curieux ! Mais je ne me sens pas trop affecté par le symptôme de collectionnite aiguë ! J’estime d’ailleurs que j’ai pratiquement fait le plein de ce que je recherche. Maintenant je vais m’efforcer à entretenir et soutenir les arbres existants ! Au bureau et au mazet, je n’ai plus beaucoup de place et ma stratégie consiste maintenant à apporter de la matière organique pour enrichir le sol.
Bien sûr, je scrute minutieusement les forums, vidéos, chat pour traquer les bons plans/plants. Mon soucis est de savoir que tous ces fruitiers exotiques risquent de disparaître en cas de vague de froid prononcée. Si c’est comme février 2018, il y a beaucoup de casse mais au final avocatiers, agrumes et casimiroa sont repartis dans l’ensemble. Cela permet de renseigner la rusticité de chaque fruitier par des expériences concrètes !
Sur le fil telegram, certains ont exprimé leur mécontentement de voir des comportements égoïstes ou mercantiles. Que des professionnels s’intéressent à l’acclimatation, je suis personnellement très content ! Je les encourage à nous rejoindre. Le catalogue des professionnels permet à ceux qui débutent de pouvoir commencer leurs collections et aux autres à compléter les leurs ! Je trouve que l’offre sur des fruitiers essentiels est trop éparse. Où sont les avocatiers rustiques, les casimiroa goûteux et les goyaviers fraises sélectionnés ? Les années passent et les amateurs se découragent de ne pas avoir accès à ses bonnes plantes. Je parle de végétaux de mon jardin qui sont difficiles à se procurer, cela entraîne une certaine frustration. Les pro préparent leur arrivé sur ce marché et l’attente semble interminable pour certains. Je pense que le marché des plantes exotiques va se développer. Il y a de la place pour tout le monde, et j’espère que nous ne subiront pas trop les affres de la concentration (quelques pépiniéristes qui concentrent la majorité des ventes tandis que les petits galèrent).
Ne nous voilons pas la face : la majorité d’entre nous poursuit un but assez égoïste qui consiste à alimenter en premier lieu son propre jardin. Au début, cela me désolait un peu, mais finalement, moi aussi je cherche avant tout à faire fructifier mon verger. Certes je passe beaucoup de temps à diffuser de l’information ; mais je reste focalisé sur mes plantes. Comme je parle beaucoup, je suis assez harcelé de demandes et j’y réponds rarement favorablement. Plusieurs raisons à cela. J’ai eu de mauvaises expériences : des gens qui se sont permis de se plaindre de ma lenteur d’expédition de graines rares d’avocat alors que c’était un pur don ! Heureusement la plupart des gens sont corrects voir très bien attentionné, mais il suffit de quelques comportements désobligeants pour adopter plus de retenu. D’autres part, mes plantes poussent lentement, prélever du greffon signifie souvent renoncer à la croissance d’une année. Enfin, lorsque je donne du matériel végétal, je risque de compromettre la fructification d’une plante et par ricochet je ne pourrai partager la saveur de telle ou telle variété à la communauté d’acclimateurs. D’autre part, je ne peux pas tout faire : diffuser de l’information et expédier du matériel végétal. A un moment, j’ai pensé distribuer du matériel végétal en l’échange de la publication des résultats (sur mon site ou ailleurs). Mais cela ne marche pas, j’ai envoyé des centaines de graines de Casimiroa pringlei et je n’ai eu quasiment aucun retour. Pire : une des rares personne qui a laissé des commentaires sur la culture du Casimiroa pringlei avait lui-même récupéré ses graines au Texas !
Il y a également un effet secondaire insoupçonné au fait de diffuser largement des essences rares. Imaginez que je diffuse largement des greffons de variétés rares de Casimiroa edulis : personne ne fera l’effort en retour de rechercher les variétés manquantes ! Donc pour mes greffons de Casimiroa, j’annonce d’emblée la couleur : je les réserve à ceux qui ont des végétaux que je recherche. Les variétés intéressantes de sapote blanches restant à importer en Europe sont : Rainbow, Cuccio, Redland, Campbell, Lemon Gold, Delta gold, Golden Globe, Nettie, Hawai Supreme…
Je teins à saluer l’état d’esprit très agréable qui règne au sein de notre groupe telegram. Je laisse le dernier mot à un des membres (Kader) :
“Dans ce genre de groupe / forum / site….. il y a toujours des gens qui ne participent pas mais lisent, prennent les infos et les bons plans et vont ensuite à la pêche au don et arnaquent à tout va….
Certains proposent des échanges et n’envoient rien, d’autres mentent sur les variétés qu’ils ont dans le but d’inciter les gens à leur échanger des variétés très recherchées et envoient n’importe quoi à la place….
Ça arrive littéralement partout, c’est la vie, c’est triste mais il ne faut pas que ça prenne le pas sur les échanges qu’on a ici.
On peut être plus prudent mais il ne faut pas se refermer entièrement à mon sens.
Certains le font parce qu’ils ont des projets de pépinières, pour se faire de l’argent et d’autres se voient déjà trouver de nouvelles variétés qui vont les rendre riches…..
L’appât du gain est gros mais qu’on se rassure on n’a pas encore trouver de millionaires dans ces groupes, sinon ça se saurait !
Tant mieux pour ces gens là qu’ils continuent à rêver et à profiter des variétés qu’ils ont glanées ! Ils doivent avoir bien l’air con entourés de leur butin qui ne leur rapporte rien et malheureusement pour eux ils ne l’emporteront pas au paradis !”
J’ajouterai que j’ai longtemps cru que l’on pouvait comparer l’acclimatation à n’importe quelle autre passion. Mais à la différence du philatélisme, l’acclimatation est pour ainsi dire consubstantielle au monde animal. Sans le vouloir, l’oiseau qui consomme un fruit et qui après avoir passé le tube digestif rejette les graines quelques kilomètres plus loin, acclimate ! Pareil pour nos ancêtres les plus lointains qui ne connaissaient pas l’assainissement collectif. Les semences des meilleurs fruits qu’ils consommaient finissaient en terre. D’ailleurs certaines graines ont besoin de passer par les acides de nos tubes digestifs pour germer ! Ainsi les fruits se propageaient et accompagnaient les hommes dans leurs déplacements. Nous quo-évoluons avec le végétal et à l’heure de chatGPT nous sommes tenté d’oublier nos racines et nous prendre pour dieu le créateur !
Donc pour résumer, mes prochains objectifs : augmenter /débuter les récoltes d’avocat, cherimoya, sapote, mangue, banane, longan… Réussir le jackfruit (!!!!!), le Kwai Muk et le palmier dattier. Le jackfruit est indéniablement le projet le plus ambitieux en matière d’adaptation à nos conditions climatiques. Mais c’est également l’un de mes fruits préféré !
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