Conférence : sapote blanche

La section Monterey Bay du CRFG (California Rare Fruit Growers) a organisé une conférence dédiée à la Sapote Blanche (le 23 mai 2021). Tom Addison un collectionneur de sapote blanche depuis la fin des années 80, nous parle de ses plantations non loin de San Francisco. Sa démarche s’inscrit dans une continuité avec celles de Bob Chambers, Paul Thompson, Reinecki, Engelhardt, George Emerick et Rick Mc Cain. Tom évacue rapidement la question de la Sapote jaune (Wooly-leafed sapote Casimiroa tetrameria) en affirmant qu’elle ne présente pas d’intérêt gustatif en raison de son arrière goût desagréable de térébenthine [5:00]. Je suis un peu réservé sur cette déclaration. En effet, de nombreux témoignages sur TFF mettent en avant C. tetrameria pour ses dimensions plus compactes et ses fruits délicieux. D’autant plus, que s’il on en croit certains, des variétés de renom telles que Suebelle seraient des croisement de C. edulis avec C. tetrameria. Qui croire ? Je pense que l’on doit faire un parallèle avec le genre voisin Citrus où il est difficile aujourd’hui de ne pas avoir d’hybridation entre les espèces. Une orange est un hybride et les mandarines modernes le sont également. C. pringlei serait originaire d’une zone qui s’étend de la région de Monterey au nord du Mexique (à ne pas confondre avec Monterey en Californie) jusqu’au Texas. Tom conseille les nouvelles génération à intéresser à l’hybridation entre C. edulis et C. pringlei pour obtenir des variétés moins frileuses. L’introduction de la sapote blanche en Californie date d’environ 200 ans (les missionnaires l’auraient ramené du Mexique).

[7:00] Cinq est un chiffre magique pour le sapotier :
– ces feuilles composées comptent généralement 5 folioles,
– les branches poussent souvent par 5 (quand on coupe une branche par exemple),
– les sucres de la sapote blanche ont 5 Carbones (pentoses).

Un sapotier non greffé peut atteindre 75 pieds (23 mètres), les sujets greffés sont généralement plus petits, Tom nous montre une photo d’un arbre d’une vingtaine d’année qui mesure à peine 4 m [9:30]. Toutefois Tom déconseille de faire pousser les sapotiers en pot : ils seront trop à l’étroit sur le long terme. Les jeunes arbres sont érigés et avec le poids des fruits ils ont tendance à avoir un port retombant (“umbrella shape”). Tom déconseille de les tailler, tout au plus on peu pincer le bourgeon apical afin de favoriser la ramification. Les fruits peuvent apparaître sur du bois de l’année comme sur le tronc !
[15:30] La plupart des cultivars commercialisés sont auto-fertiles. Les sapotiers de semis sont soit femelle, soit mâle (et peuvent avoir des fleurs dysfonctionnelles). Abeilles et mouches pollinisent les fleurs.

[17:00] Une étude aurait conclu qu’aucun fruitier ne produit autant de calories à l’hectare que la sapote blanche. Les sapotiers peuvent produire abondamment, le record est de 1.3 t sur un arbre (variété Chestnust en 1971). La saison chez Tom débute en fin juillet et se termine en décembre (pour la région de El Cerrito au nord de Berkley). Les variétés les plus commercialisées par les pépinières californiennes sont Suebelle et Mc Dill. Lorsque les fruits tombent au sol ils s’abîment très vite. Les fruits à peau verte ont une chair blanche (et saveur généralement moins subtile), tandis que les fruits jaunâtres ont une chair crémeuse jaune. Tom fait remarqué que la saveur de deux fruits côte à côte dans le même arbre peut varier énormément. Cela rend les comparaisons organoleptiques difficiles.

[25:00] La sapote blanche est un fruit que tout le monde apprécie. La compagnie Dole a fait des enquêtes auprès du public, la sapote blanche est le fruit exotiques qui est le plus approuvé. Les gens évoques des tonalités de flan au caramel, de poire à la vanille, tarte au citron, soufflet à la citrouille, meringue, noix de coco. Toutefois, Tom met en garde le consommateur : un fruit trop mûr ou pas assez sera insipide ou amer.

[28:30] Même en climat frais, les fruits sont sucrés. En revanche, les sapotiers qui poussent en climat côtiers avec des sols salés développent des fruits plus amers, toutes choses égales par ailleurs. Les sucres sont à 5 atomes de carbone ce qui présenterait un avantage pour le taux de glycémie, les fruits contiennent de la vitamine C, peuvent avoir un effet soporific. Les mexicains font des infusions de feuilles sèches, la casamirosine ainsi consommée permet de réduire la tension artérielle. Attention, les graines sont toxiques.

[33:00] Bien que facile à cultiver biologiquement, le sapotier peut être attaqué par les pucerons (surtout la variété Suebelle), tandis que les escargots et limaces sont friands des jeunes feuilles, un facteur à surveiller quand vous greffez. Les rongeurs raffolent des fruits.

[35:15] Les sapotiers deviennent facilement autonomes : ils sont capables de trouver l’eau et les nutriments dont ils ont besoins. Ils sont adaptatifs et préfèrent les location ensoleillées. La limite nord de culture du sapotier est Chico (Californie). Notez que le diagramme des températures de cette localité au nord de la Central Valley (100 km au nord de Sacramento). Le département d’état à l’agriculture (USDA) avait une station expérimentale à Chico dans les années 1900, ils entretenaient une collection de sapotiers. La résistance au froid est comparable à celle de l’oranger doux (entre l’avocatier Fuerte et Mexicola). Leur résistance au froid augment avec l’âge.


[38:00] Tom aborde un élément crucial : la mise à fruit ! Les semis ont généralement besoin de de 12 ans pour fructifier, tandis que son meilleur arbre obtenu par semis a requis 21 ans ! C’est pourquoi Tom conseille vivement de greffer. La greffe accélère généralement la mise à fruit, excepté pour le Suebelle qui peut nécessiter 12 ans. Walton est une autre variété qui nécessite du temps avant de porter ses premiers fruits. Tom greffe tous les mois de l’année.
Les semis sont très variables :
– 25 % des semis seront aussi bons que la variété semée,
– 25% seront convenables et comestibles,
– 25% n’auront pratiquement pas de fruit dû à des fleurs dysfonctionnelles,
– 25% feront des fruits de piètre qualité (amers, petits…)

[42:00] Tom averti sur la subjectivité des préférences et des tests organoleptiques. Est-ce que l’on évalue la variété ou la qualité du fruit (maturité, taux de sucre…) ? Les variétés conseillées par Tom (dans l’ordre) :
– Rainbow, variété excellente mais peu productive.
– Golden Globe (tout comme Bob Chambers),
– Lemon Gold, peu productif
– Malibu 3, peau épaisse
– Walton, sa préférée ! seul inconvénient arbre à grand développement.
– Chestnut, gros fruit
– Cuccio
– Vernon, productifs, fruits savoureux, port compact
– Nettie, productifs, fruits savoureux, port compact, peau épaisse
– Moran, meilleur semis de Tom
– Reinecke, forme de tomate orange (mais peu intéressant sinon).
– Mc Dill, gros fruit agréable, productif
Certaines variétés ont une tendance à porter des fruits toute l’année (si le climat le permet): Suebelle, Michelle, Leroy, Louise, Nettie et Selk.

[58:30] Je n’ai pas retranscrit les questions du public.

Mon avis personnel
Tom a raison de nous sensibiliser sur le charactère aléatoire des semis. Pour ma part, j’ai des arbres d’e près d’environ 10 ans, issus de semis qui ne fructifient pas ou de manière hasardeuse. J’aime beaucoup ce fruit, toutefois je suis étonné qu’il rencontre une telle adhésion du publique américain ! En France, il a fallut un seul commentaire négatif sur ce fruit (https://www.fousdepalmiers.fr/html/forum/viewtopic.php?p=299908#p299908) pour dégrader durablement sa renommée ! En Europe, sa culture est confidentielle. Le plus difficile étant de trouver de bons cultivars ! Je vais m’appliquer à greffer, si certains d’entre vous sont en mesure de ramener des greffons frais de Californie cela pourrait servir la cause de cet excellent fruit subtropical ! Je suis heureux de voir que les conditions climatiques de Nîmes sont semblables à celles de Chico qui a hébergé la collection de sapote blanche de l’USDA !!!

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