Tolérance épigénétique au froid

https://tropicalfruitforum.com/index.php?topic=53264.0
Je vous invite à consulter ce sujet publié récemment dans Tropical Fruit Forum dont je propose une traduction :

Bonjour à tous

Certains d’entre vous savent qu’au cours des cinq dernières années, le Texas a été frappé par de violentes intempéries qui ont entraîné des chutes de température jamais vues depuis un certain temps.

Par choix ou par nécessité, j’ai dû laisser une grande partie de ma collection exposée aux éléments pendant ces tempêtes, en particulier l’année dernière où je me trouvais physiquement dans un autre état lorsque la tempête a frappé…

J’ai fait la chronique des plantes qui ont survécu ou qui se sont bien comportées dans ce fil de discussion.

https://tropicalfruitforum.com/index.php?topic=50267.0

mais la question de savoir si certaines de ces plantes produiront un jour ici sans une serre permanente me hante toujours.

J’ai remarqué que depuis la sélection initiale, beaucoup de ces plantes ont subi quelques changements, notamment un changement de port et une tolérance au froid apparemment accrue.

Cela m’a amené à me demander s’il existait des mécanismes d’adaptation dans les plantes individuelles qui peuvent se produire en réponse à un événement stressant comme le gel et (bien sûr) il existe de nombreuses études démontrant l’induction épigénétique de la tolérance au froid chez les plantes annuelles et vivaces.

J’ai fourni un lien ci-dessous pour les personnes intéressées. Il s’agit d’un résumé des études dans le domaine et d’une lecture intéressante.
https://link.springer.com/article/10.1007/s00425-021-03694-1

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Commentaires

4 réponses à “Tolérance épigénétique au froid”

  1. Avatar de lazzaret
    lazzaret

    L’épigénétique est en effet un sujet important en acclimatation.

    Selon moi, l’épigénétique autorise une expression différenciée des gènes du moment que la plante discute avec son environnement. Cela implique à priori de ne pas brouiller ce dialogue entre le végétal et son environnement. Et cela pose la question de ce qui peut justement interférer dans ce dialogue.

    Je n’ai pas la réponse mais je suspecte des choses. Je pense que les traitements phyto ainsi que la fertilisation jouent défavorablement. Les traitements phyto influencent le fonctionnement de l’immunité de la plante. La mycorhization est aussi un autre facteur très important influençant l’immunité d’une plante et on sait que les traitements phyto influencent très négativement sur la mycorhization. Quant à la fertilisation, elle court-circuite l’intermédiaire mycélien.
    Un autre facteur qui selon moi influe négativement sur l’expression épigénétique est la greffe pour la raison qu’on ne connait pas la façon dont PG et greffon dialoguent et si même ils dialoguent ou si encore les signaux qu’ils envoient et reçoivent n’aboutissent pas à des expressions opposées…

    Mon intuition m’amène donc à croire qu’on cultive souvent des plantes “inaptes” ou “inadaptées” pour l’acclimatation.

    Surtout, ce que je ne sais pas mais certains retours semblent aller dans le sens de mon intuition : cette expression épigénétique, notamment de résistance au froid, semble pouvoir être conservée par la descendance d’une plante, si utile. Si cela s’avère exact, le semis et l’hybridation, beaucoup plus que la greffe, deviennent primordiaux dans l’idée de pouvoir acclimater des plantes subtropicales, et même tropicales.

    Je le rappelle, mes mots ne sont ici qu’intuition et conviction. En espérant ne pas être trop éloigné de la vérité.

    1. Avatar de Benoit Vandangeon
      Benoit Vandangeon

      Je pense que les pistes que tu énumeres sont intéressantes. Ça me fait penser à cette hypothèse en perma (souvent érigée comme loi) “toute fonction que l’on suppléante s’atrophie”.

      En ce qui concerne la greffe on connaît un peu certaines réactions : greffer un agrume sur poncirus lui fait gagner un ou deux degré de résistance.

      La plante effectivement discute avec son environnement, la laisser s’adapter n’est pas toujours un geste qui s’apparente à un abandon. Bien au contraire !
      Le semis, la préparation du sémis (je pense à ceux qui ont amélioré la résistance au froid en refroidissant leur semence comme les japonnais) est une bonne piste !
      Le sujet me semble illimité et passionnant !
      Mais quelle est l’ordre de grandeur en terme d’adaptation ? Quelques degrés ? Voir plus ?

    2. Avatar de lazzaret
      lazzaret

      Je pense, Benoit, qu’il faut travailler à la marge, c’est à dire ne chercher à acclimater que ce qui serait déjà en limite de possible. Deux exemples parlant : dans le sud ouest, l’avocatier me semble un bon candidat alors que pour le manguier, le fossé à combler me parait trop grand. Pour ce dernier (le manguier), il faudrait acclimater d’abord dans le sud de la france une petite population fonctionnelle et ensuite sur les générations suivantes, remonter vers le nord. Dit autrement, et comme tu le suggères dans ta question, je crois qu’on demande souvent un trop grand saut adaptatif. C’est aussi pour cela que j’essaie de construire de petites populations fonctionnelles afin de stabiliser un pool génétique intéressant. Pour les yuzu, ça m’est facile, et j’ai depuis 3 ans maintenant pour les plus vieux individus, une 30aine de jeunes yuzu qui poussent tranquillement. Je fais pareil pour les citronniers. J’essaie d’avoir une 20aine d’individus au moins que je vais essayer de faire fonctionner ensemble, et sur lesquels je fonde pas mal d’espoir sur la génération F2 (la génération F1 étant celle des semis de fruits du commerce).

      Pour répondre à la question “combien de degrés puis-je gagner ?”, je dirai que la résistance du citronnier 4 saisons doit se situer entre -2 et -4, donc j’espère gagner dès la génération F1 des plants issus de 4 saisons, et capables de résister entre -4 et -8. En génération F2, j’escompte quelques rares individus avec une rusticité fixée aux alentours de -8 degrés et de très rares champions entre -10 et -14.

      Si je voulais gagner rapidement plus de degrés, alors je retiendrais le réflexion que tu as sur les casimiroa, à savoir passer par l’hybridation de la plante cible avec son plus proche parent le plus rustique, si tant est que ce parent existe. Et enfin recroiser le résultat de l’hybridation avec le parent le plus rustique.

  2. Avatar de Alep31
    Alep31

    Cette adaptation au froid a été développée et pratiquée de façon volontaire par Mitchourine en URSS au 20eme siècle et on retrouve cette idée de plants issus de graines :

    «  Il augmentait l’accoutumance au froid des plantes cultivées en les soumettant à la «trempe antigel» progressive, procédé basé sur le constat que les jeunes plants issus des graines constituent des organismes très plastiques s’habituant facilement aux conditions du milieu local. »

    Cette idée d’entrainer les arbres au froid a été pratiquée aussi en France par M. Couderc (article de 1922) mais il cumulait plusieurs techniques. Il semait des centaines de graines hybrides d’agrumes, les protegeait de moins en moins pendant 3 ans puis ensuite greffait sur Poncirus trifoliata.

    Ainsi 1) il sélectionnait génétiquement 2) il entraînait au froid et 3) il ajoutait la protection du PG.

    Ainsi il nous dit « j’ai notamment un Oranger de semis obtenu ainsi, très épineux, mais à fruit gros et excellent, qui résiste sans perdre une feuille à des froids de — 14°. »

    Tout son travail s’est perdu.
    Y a plus qu’a s’y remettre 🙂

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