Chaque année j’essaye de compléter mon jardin avec de nouveaux fruitiers. Il y a deux types de plantes : celles que l’on peut acheter et les autres. On répertorie environ 70 000 espèces comestibles parmi les 450 000 espèces de végétaux. Dans les comestibles, quelques centaines sont commercialisées. Bizarrement, les plantes disponibles en pépinières ne sont pas les plus simples à se procurer ! Dans un précédent billet, j’évoquais les déboires que j’avais avec la livraison de certains pépiniéristes en ligne. Au final, cette année je vais renoncer à passer commande pour éviter les déconvenues. Je vais donc me concentrer sur les plantes rares obtenues par semis et qui ne produiront que dans quelques années. Dans ce domaine, je suis inexpert : j’ai bricolé une serre de fortune qui a du mal à monter en température. Le chauffage est obtenu par un tapis chauffant dédié. Le substrat n’est pas idéal et les premiers germes ont tendance à filer. Je tenterai d’améliorer mon système, car j’ai l’impression que je vais devoir de plus en plus pratiquer cette méthode. A chaque instant la plantule est vulnérable, il faut sans cesse veuillez aux principaux paramètres que sont la chaleur, l’hygrométrie, la lumière et éloigner les ravageurs. Au bout du compte, je perds un très grand nombre de plants. Pratiquement aucun plant n’est rescapé de mes récentes commandes chez ExotenInsel, Sitios das Frutas, Canarius, Hawaï… Je galère. Pour réussir, j’ai l’impression qu’il faut deux qualités que je n’ai pas : la patience et une très bonne réactivité. Car il faut jongler avec la longue durée propre à la croissance lente des plantes et les corrections rapides pour que les premiers signes de carence ou de stress ne fassent dépérir la plante.
Cette année sera surtout dédiée aux Casimiroa. J’ai une bonne douzaine de sapote blanche mais une seule a produit jusqu’à aujourd’hui. Il y a déjà quelques panicules floraux. J’espère que d’autres arbres produiront, j’en ai un qui doit approcher les sept ans et qui n’a pas encore fleurit. Les autres sont âgés entre 5 et 1 an. Je souhaite greffer certains semis, donc si vous avez des variétés greffées de sapote blanches ; les échanges sont les bienvenus ! Mes sapote pringlei ont été plantés en pleine terre. Les plus vieux vont sur leur deuxième année. Il faut que je redouble de patience car ils ne sont pas prêt de fructifier ! Heureusement qu’entre temps ces arbres m’émerveillent par leur feuillage, leur bois et leur capacité à s’adapter à mon terrain !
Je pense que je vais compléter ma collection de tamarillo cette année ! Tamarillo pêche, orange et hardy vont rejoindre mon tamarillo rouge. C’est une plant qui réussi chez moi pour peu que je lui offre un endroit abrité du vent et du soleil.
En ce qui concerne les avocatier et les agrumes : je ne recherche rien de spécial, bien sûr je reste aux aguets et dès qu’une variété originale se présente je m’applique à la reproduire. Ainsi, j’ai découvert récemment un pamplemousse (Citrus maxima) à chair rose qui était délicieux, une amertume particulièrement plaisante, un albédo fin, et des membranes pas trop fibreuses. Je me suis empressé à faire germer les trois graines qu’il renfermait !
Je terminerai cet édito par la crise qui frappe l’agriculture. Ce n’est pas un phénomène récent, ni isolé : cela fait des siècles que l’exploitation est la seule valeur reconnue ! Et l’on ose nommer deux métiers diamétralement opposés “agriculteurs” : il n’y a aucun point commun entre le céréalier de la Bosse gavé de subventions et le petit éleveur de Corrèze emmenant son troupeau ! On me dit qu’aujourd’hui le revenu tiré de l’agriculture est marginal chez les paysans : ils préfèrent louer des gîtes ou monter des projets photovoltaïques ! C’est plus rentable.
Comme si nous pouvions manger des électrons… Bref, je vois en plein hiver des camions espagnols transportant des mandarines et des tomates déversés par nos agriculteurs sur le bas côté de nos routes. Tout est fait pour déclencher chez le quidam mécompréhension afin qu’il ne puisse pas pointer ce qui ne va pas. L’accumulation de tous ces signes opposés font qu’il se désintéresse du problème, tout au plus il affiche une sympathie pour le mouvement, mais sans aucune conviction.
Je pense que cette détresse vécue dans le monde agricole est perceptible à petite échelle au niveau des pépiniéristes : entre les négociants et les “vrais” producteurs de végétaux. Certains mixent les deux activités. Même si la production de plant est difficile économiquement, je me demande si elle n’apporte pas une plus grande satisfaction ? Produire de ses mains, de sa terre, voir la croissance, greffer… J’ai l’impression que bientôt, les pépiniéristes français proposeront des plants originaux et rares dans les fruitiers exotiques. Ca me fait plaisir car les péripéties que je rencontre dans l’élevage de plants va peut-être prendre fin !!!
Laisser un commentaire