Autonomie (30) La galère des acclimateurs !

Chaque année j’essaye de compléter mon jardin avec de nouveaux fruitiers. Il y a deux types de plantes : celles que l’on peut acheter et les autres. On répertorie environ 70 000 espèces comestibles parmi les 450 000 espèces de végétaux. Dans les comestibles, quelques centaines sont commercialisées. Bizarrement, les plantes disponibles en pépinières ne sont pas les plus simples à se procurer ! Dans un précédent billet, j’évoquais les déboires que j’avais avec la livraison de certains pépiniéristes en ligne. Au final, cette année je vais renoncer à passer commande pour éviter les déconvenues. Je vais donc me concentrer sur les plantes rares obtenues par semis et qui ne produiront que dans quelques années. Dans ce domaine, je suis inexpert : j’ai bricolé une serre de fortune qui a du mal à monter en température. Le chauffage est obtenu par un tapis chauffant dédié. Le substrat n’est pas idéal et les premiers germes ont tendance à filer. Je tenterai d’améliorer mon système, car j’ai l’impression que je vais devoir de plus en plus pratiquer cette méthode. A chaque instant la plantule est vulnérable, il faut sans cesse veuillez aux principaux paramètres que sont la chaleur, l’hygrométrie, la lumière et éloigner les ravageurs. Au bout du compte, je perds un très grand nombre de plants. Pratiquement aucun plant n’est rescapé de mes récentes commandes chez ExotenInsel, Sitios das Frutas, Canarius, Hawaï… Je galère. Pour réussir, j’ai l’impression qu’il faut deux qualités que je n’ai pas : la patience et une très bonne réactivité. Car il faut jongler avec la longue durée propre à la croissance lente des plantes et les corrections rapides pour que les premiers signes de carence ou de stress ne fassent dépérir la plante.

Cette année sera surtout dédiée aux Casimiroa. J’ai une bonne douzaine de sapote blanche mais une seule a produit jusqu’à aujourd’hui. Il y a déjà quelques panicules floraux. J’espère que d’autres arbres produiront, j’en ai un qui doit approcher les sept ans et qui n’a pas encore fleurit. Les autres sont âgés entre 5 et 1 an. Je souhaite greffer certains semis, donc si vous avez des variétés greffées de sapote blanches ; les échanges sont les bienvenus ! Mes sapote pringlei ont été plantés en pleine terre. Les plus vieux vont sur leur deuxième année. Il faut que je redouble de patience car ils ne sont pas prêt de fructifier ! Heureusement qu’entre temps ces arbres m’émerveillent par leur feuillage, leur bois et leur capacité à s’adapter à mon terrain !


Je pense que je vais compléter ma collection de tamarillo cette année ! Tamarillo pêche, orange et hardy vont rejoindre mon tamarillo rouge. C’est une plant qui réussi chez moi pour peu que je lui offre un endroit abrité du vent et du soleil.

En ce qui concerne les avocatier et les agrumes : je ne recherche rien de spécial, bien sûr je reste aux aguets et dès qu’une variété originale se présente je m’applique à la reproduire. Ainsi, j’ai découvert récemment un pamplemousse (Citrus maxima) à chair rose qui était délicieux, une amertume particulièrement plaisante, un albédo fin, et des membranes pas trop fibreuses. Je me suis empressé à faire germer les trois graines qu’il renfermait !

Je terminerai cet édito par la crise qui frappe l’agriculture. Ce n’est pas un phénomène récent, ni isolé : cela fait des siècles que l’exploitation est la seule valeur reconnue ! Et l’on ose nommer deux métiers diamétralement opposés “agriculteurs” : il n’y a aucun point commun entre le céréalier de la Bosse gavé de subventions et le petit éleveur de Corrèze emmenant son troupeau ! On me dit qu’aujourd’hui le revenu tiré de l’agriculture est marginal chez les paysans : ils préfèrent louer des gîtes ou monter des projets photovoltaïques ! C’est plus rentable.

Comme si nous pouvions manger des électrons… Bref, je vois en plein hiver des camions espagnols transportant des mandarines et des tomates déversés par nos agriculteurs sur le bas côté de nos routes. Tout est fait pour déclencher chez le quidam mécompréhension afin qu’il ne puisse pas pointer ce qui ne va pas. L’accumulation de tous ces signes opposés font qu’il se désintéresse du problème, tout au plus il affiche une sympathie pour le mouvement, mais sans aucune conviction.

Je pense que cette détresse vécue dans le monde agricole est perceptible à petite échelle au niveau des pépiniéristes : entre les négociants et les “vrais” producteurs de végétaux. Certains mixent les deux activités. Même si la production de plant est difficile économiquement, je me demande si elle n’apporte pas une plus grande satisfaction ? Produire de ses mains, de sa terre, voir la croissance, greffer… J’ai l’impression que bientôt, les pépiniéristes français proposeront des plants originaux et rares dans les fruitiers exotiques. Ca me fait plaisir car les péripéties que je rencontre dans l’élevage de plants va peut-être prendre fin !!!

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Commentaires

Une réponse à “Autonomie (30) La galère des acclimateurs !”

  1. Avatar de lazzaret
    lazzaret

    Merci Benoit pour la vidéo et la présentation qui est faite de l’agri-photovaltaïque. Mais que c’est triste !!!!

    Si on veut réaliser l’équivalent de la “mer de plastique” espagnole, il ne faudrait pas s’y prendre autrement. Outre ce qui est dit dans le reportage, c’est ce qui n’est pas dit qui est beaucoup plus préoccupant : la pollution des terres, parce que le bio ce n’est pas sans traitement et quand on cultive sur un sol moribond et irrigué, le fut-il au compte-goutte, des traitements il en faut. Le réchauffement climatique local est aussi un problème. Récupérer l’eau, c’est bien mais si c’est pour cultiver uniquement un végétal et sinon la terre à nue, ça ressemble à s’y méprendre aux grandes exploitations d’amandiers des états-unis qui sont des déserts biologiques et qui nécessitent des quantités d’eau assez faramineuses. Je comprends qu’ont été créées les bassines pour cela et même si pour le moment l’écueil de pomper dans les nappes profondes est écarté, il n’en demeure que les quantités d’eau relarguées dans l’air sont monstrueuses et contribuent grandement au phénomène local de réchauffement, et donc de…désertification. Le narrateur précise assez souvent que le taux de sucre est au RDV, mais ce qui n’est jamais précisé, c’est de connaitre, en dehors du sucre, la qualité nutritionnelle de ces productions d’arbres conduits en monoculture sur “un sol qui fait triste mine”, et mieux encore la qualité en métabolites secondaires. De fait, parler de qualité me parait très présomptueux, et en réalité, il s’agit pour moi juste de concurrencer les espagnols sur la fabrication de produits médiocres en arguant sur le seul argument du fait “plus” localement. Il est aussi très souvent redit que cela ne coûte rien à l’agriculteur, et si comme tu le dis, on peut encore appeler cela un agriculteur… depuis qu’on a financiarisé l’agriculture comme tous les domaines de la vie (je reviendrai dessus un peu plus tard), une chose est sure, rien n’est gratuit, c’est même tout le contraire, et si la vision dessinée à court-terme est gratuite, sur le moyen et long terme, ça va coûter extrêmement cher : le photovoltaïque va devenir obsolète avec le temps et avec l’émergence d’autres énergies, notamment l’hydrogène. En revanche la pollution physique demeurera. Je ne parle même pas du défaut de qualité de sol qui grandira lui aussi au fur et à mesure de l’avancement de tels projets. Enfin, la désertification que cela va occasionner ça et là sera d’autant plus difficile à contrarier que ces installations seront d’ampleur et auront contribué à modifier profondément les équilibres encore actuels.

    Comme tu le dis dans ton propos liminaire, hormis le rendement, il n’y a pas vraiment de vertu (et encore, le rendement n’est pas une vertu, c’est juste un item économique qui est le seul qui vaille, hélas…) à ce genre d’évolution agricole, cela sans compter la misère sociale engendrée…

    Concernant ton édito, il y a une ou deux choses avec lesquelles j’ai plus de mal. Je ne vois pas l’évolution des pratiques de pépiniéristes français notamment sur l’acclimatation de fruitiers rares. Peut-être mon sentiment n’est il qu’un reflet marginal mais dans le sud-ouest, ce n’est pas le chemin emprunté pour le moment.
    Enfin, je terminerai mon propos sur la greffe qui je crois est contre indiquée en acclimatation. Je sais que je me fais des ennemis en disant cela, et j’en suis désolé, mais un fruitier exotique qui s’acclimate greffé s’acclimatera nécessairement aussi bien non greffé. Greffer un arbre équivaut à signer l’arrêt de l’évolution. Il y aurait beaucoup à dire sur ce que fabrique la greffe chez le végétal mais n’étant pas venu commenter pour me vexer avec les uns et les autres, je ne m’étendrais pas davantage sur l’acte de greffer.

    Mon constat de l’agriculture est plus pessimiste que le tien. J’aimerais me tromper…mais j’ai peur que sur le seul critère économique on ne soit capable que de prendre les mauvaises décisions pour la culture de végétaux, contribuant ainsi à renforcer le défaut de vocations et contribuant à renforcer aussi cette agriculture qui se passe d’agriculteurs au profit de simples exploitants agricoles déconcernés par le devenir de la terre avec un grand comme un petit “t” (Terre et terre).

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