J’ai reçu une question laconique et comme je ne suis pas un homme à mystère, ni à secret, je vais tenter d’y répondre publiquement afin d’essayer de faire avancer nos recherches de fruitiers dignes d’intérêt.
“Y a quoi d’autre qui soit introuvable en Europe ?”
En fait, il y a plusieurs réponses que je peux donner :
1. Pour savoir ce qui est introuvable en Europe, il faut déjà savoir ce qu’il s’y trouve. La grande majorité des jardiniers ou collectionneurs ne communiquent pas la liste des plantes qu’ils cultivent. Soit parce qu’ils veulent que cela reste unique et rare, soit parce qu’ils n’ont tout simplement ni l’envie, ni le temps, ni la connaissance de canaux où ils pourraient diffuser leurs connaissances. Il y a des amateurs de plantes rares en Bulgarie, Espagne, Portugal et Canaries dont on sait très peu de chose de leurs expérimentations finalement. Et plus généralement, on assiste à une frénésie au niveau des agrumes. Les pépiniéristes sont dévalisés et ont de la peine à satisfaire la demande. Mais combien de jardiniers partagent leurs observations : la rusticité constatée, les saveurs, les périodes de récoltes…
2. On estime à 70 000 les espèces fruitières comestibles. Combien peuvent supporter nos hivers ? Très difficile de répondre à cette question, d’autant plus que nous n’avons pas tous les mêmes hivers ! Prenons par exemple la famille des myrtacées. Elle comporterait 5950 espèces réparties dans 132 genres. Beaucoup de fruits de cette famille sont comestibles. Mais ont-ils pour autant un réel intérêt gustatif ? Je ne compte pas les témoignages dans Tropical Fruit Forum (TFF) où des jardiniers déçus par leur eugenia (famille des myrtacées), décident de l’arracher !
3. Je pourrai parler de ce que je recherche ? La vérité c’est que je ne recherche plus grand chose : le plus important maintenant est de faire fructifier abondamment mes dizaines d’avocatiers, cherimoya et sapote blanches ! Car avec ces succulents fruits je serais déjà divinement content ! Toutefois, je garde un œil attentif à ce qui pourrait être acclimatable. Faute de pouvoir voyager, je me promène sur les forum guettant des fruitiers intéressants. J’ai très souvent publié les listes de plantes que je prospecte. Elles sont plus où moins à jour car parfois j’arrive à mettre la main sur une plante convoitée. Mais je dois dire que cela reste suggestif. Par exemple, je suis nostalgique du Sougué, un petit fruit africain dont la saveur m’apparaît particulièrement équilibrée. Je suis persuadé que ce ne serait pas l’avis de la majorité. Aujourd’hui, si l’on me demande ce que je recherche ? Un pied femelle de palmier dattier de variété hâtive et bonne ainsi qu’un plant de Kwai Muk (si possible un semis provenant d’un bon fruit sucré). Je ne suis pas par exemple super envieux des listes interminables de fruitiers inconnus tels que l’on peut trouver chez ExotenInsel. Combien sont réellement bons ? Ont-ils fait leur preuve ? Dois-je consacrer dix ans pour les voir fructifier ? Bien sûr, certains fruits tels que les duguetia dont je ne connais rien, m’intriguent et je me demande bien ce qu’ils valent ? Et existe-t-il des Annona montana de bonne qualité ?
Exemple de fruitiers recherchés :
https://acclimatons.com/autonomie-28-diversite-et-zone-pushing/
https://acclimatons.com/forum/viewtopic.php?f=41&t=86
4. Je ne sais pas si nos efforts actuels doivent obligatoirement être orientés vers la nouveauté ? J’admire également les démarches de certains qui tentent le semis d’avocats. Il peut y avoir de belles découvertes au final. Personnellement, je n’ai jamais été déçu par le fruit d’un avocatier de semis. La saveur est souvent au rendez-vous, la mise à fruit peut-être tardive par contre (mais pas obligatoirement) et la production faible.
Il y a aussi un effort pour sélectionner des variétés goûteuses : des arbouses supérieures, des wampi non amères, des dovialys bien sucrés, des figues de barbarie aussi bonnes que les Tunas mexicaines… Et sur la résistance aux maladies !
5. D’autres investigations me semblent pertinentes : n’ayant pas trouvé de manguier rustique, certains tentent avec plus ou moins de succès les croisements interspécifiques. Ces nouveau fruits sont appelés “Wango”.
https://tropicalfruitforum.com/index.php?topic=47851.0
La sélection et l’hybridation permettent d’obtenir des variétés intéressantes de sapote blanche, cherimoya… Est-ce que tout a été fait au niveau de ses espèces en terme de “zone pushing” (améliorer la rusticité au froid) ?
Voici un peu mon état d’esprit : ne pas fermer de porte et favoriser une approche pragmatique visant des résultats concrets. En d’autre terme, que mon jardin puisse fournir de bonnes et diverses calories tout au long de l’année !!!
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